"Il n'y a plus personne dans les concessions automobiles"

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  476  mots
AFP
Alors que le gouvernement devrait dévoiler cette semaine un plan pour l'industrie automobile, les concessionnaires des marques automobiles lancent un cri d'alarme. Le niveau des stocks de véhicules neufs est aujourd'hui en France de 4 à 6 mois, soit plus du double de l'an dernier. Du jamais vu. Seules les voitures très haut de gamme font vraiment recette

 Alerte au niveau de stocks de voitures neuves! Alors que le gouvernement devrait dévoiler cette semaine un plan pour l'industrie automobile, les concessionnaires des marques automobiles lancent un cri d'alarme. "Le niveau des stocks de véhicules neufs  est aujourd'hui en France de 4 à 6 mois, soit plus du double de l'an dernier à la même époque. Un niveau sain, c'est deux mois de stocks", explique à latribune.fr Olivier Lamirault, président de la branche des concessionnaires du CNPA (Conseil national des professions de l'automobile). Le CNPA  publie du coup ce lundi une lettre ouverte de protestation aux constructeurs. "La situation apparaît comme sans précédent dans l'histoire de la distribution automobile française", affirme le courrier. "Comment une diminution d'activité peut-elle être accompagnée d'une hausse des stocks ? (...) Ces infusions de véhicules mettent en danger la viabilité de nos affaires", signale le CNPA.

Des voitures d'occasion zéro kilomètre

Le marché automobile français est en crise. "Beaucoup de constructeurs ont chargé les réseaux pour améliorer leurs niveau de trésorerie en fin d'année dernière. Le problème, c'est que les stocks ne se sont pas résorbés, loin de là", précise Olivier Lamirault. Les constructeurs poussent la production pour faire tourner les usines et obligent les concessionnaires à acheter des véhicules que ceux-ci n'arrivent pas à écouler, faute d'acheteurs. "On a des stocks importants alors que les ventes chutent ( -14,4% au premier semestre)", souligne notre interlocuteur. "Il n'y a plus personne dans les concessions", se lamente pour sa part un constructeur de haut de gamme, "sauf pour les modèles les plus chers"! On est "obligés de pousser les ventes de véhicules de démonstration, pour faire du chiffre", reconnaît un importateur. Des modèles à marges nulles qui se retrouveront en faux véhicules d'occasion zéro kilomètre! Partout, le son de cloche est le même, comme nous avons pu le constater en interrogeant des représentants de plusieurs marques lors des "24 heures du Mans Classic" le week-end dernier. 

L'après-vente chute aussi

Le hic, c'est que 'les ventes de véhicules neufs, de voitures d'occasion et l'activité après-vente chutent simultanément", précise Olivier lamirault. L'activité ventes de voitures d'occasion a "reculé de 3 à 4% au premier semestre". Quant à l'après-vente, qui génère une bonne partie des marges des concessionnaires surtout chez les marques françaises où l'effet parc est important, "elle se casse la figure avec une baisse de 7 à 8% au premier semestre"! Résultat: "nous sommes saisis par un nombre croissant de nos collègues, qui craignent de ne pas pouvoir faire face à leurs échéances de trésorerie au cours des mois d'été. J'ajoute que selon nos dernières informations, la rentabilité moyenne des distributeurs français à fin mai est négative", indique la lettre ouverte.