Heuliez qualifie-t-il Ségolène Royal pour prendre la vice-présidence de la BPI ?

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  451  mots
La Mia Electric a été écoulée à 800 exemplaires l'an dernier
Ce carrossier familial des Deux-Sèvres a été placé en redressement judiciaire en 2010. Grâce aux fonds publics de la région Poitou-Charentes que préside Ségolène Royal, les usines tournent toujours... au ralenti. Un dossier hautement politique pour l'ex-compagne du chef de l'Etat.

Heuliez, entreprise fétiche de Ségolène Royal? Rien ne prédisposait ce carrossier familial des Deux-Sèvres à devenir un enjeu politique majeur. Rien, sauf sa mise en redresement judiciaire en 2010 et sa situation géographique. Car l'entreprise est située dans la région Poitou-Charentes dont l'ancienne compagne du  chef de l'Etat est présidente. Trois ans après, l'entreprise existe encore, c'est vrai. Et elle le doit sans doute en partie au fait d'avoir servi de vitrine aux ambitions de l'ex-candidate socialiste à la présidence de la République. La gestion du dossier Heuliez la qualifie-t-elle pour hériter de la vice-présidente de la BPI (Banque publique d'investissement)? Bof.

Des millions, des millions

Heuliez SAS et Mia Electric sont les deux entreprises issues de la déconfiture du groupe Heuliez. Alors que Mia produit au compte-gouttes des mini-véhicules électriques, Heuliez SAS, qui appartient au groupe BGI (Baelen Gaillard Industrie), a repris les activités historiques du carrossier de Cerizay, à savoir la production d'éléments de structure et de carrosserie pour le compte des constructeurs. La présidente de Poitou-Charentes a encore demandé à la mi-février de lui permettre de transformer un peu plus de 2,4 millions d'euros de créances d'Heuliez  SAS vis-à-vis de la région en prise de capital social de la société. La région doit obtenir le feu vert du gouvernement pour cette prise de participation qui requiert un décret en Conseil d'Etat. De l'argent  investi en pure perte? Beaucoup l'affirment. Les espoirs d'Heuliez  (moins de 400 salariés) reposent actuellement sur un contrat de sous-traitance pour le compte d'une grande firme allemande - il s'agirait de Volkswagen selon la rumeur. Mais rien n'est sûr.

L'aventure de la voiture électrique

Poitou-Charentes est également actionnaire de... Mia Electric à hauteur de 5 millions d'euros. Le capital de Mia Electric, qui emploie plus de 300 personnes en période de pointe, est détenu en majorité par l'entrepreneur allemand Edwin Kohl et à hauteur11% par la région Poitou-Charentes. Cette société vient  pour sa part de recevoir encore une aide indirecte... des pouvoirs publics. La centrale d'achats de la fonction publique, l'Ugap, a annoncé mardi dernier la commande de 500 Mia sur trois ans. Pas de quoi permettre toutefois une vraie viabilité financière. La "start-up" dédiée à 100% aux voitures électriques a vendu 400 véhicules en 2011 et planiifié 12.000 pour 2012. Mais seules 800 Mia ont finalement été écoulées l'an passé.  Le dossier Heuliez n'est donc pas encore un bon exemple à ce jour... pour la BPI, si elle veut réaliser des investissements rentables dans les PME et ne pas se transformer en distributeur de subventions en fonction de priorités locales à caractère hautement politique.