Automobile : un contrôle antipollution plus sévère et plus cher ?

Par Nabil Bourassi  |   |  577  mots
Les automobilistes ne pourront plus se débarrasser du filtre à particule. (Crédits : © Tobias Schwarz / Reuters)
Le gouvernement prépare de nouvelles normes qui doivent responsabiliser davantage les automobilistes sur l'aspect environnemental. Celui-ci sera contraint de mieux entretenir sa voiture mais il lui sera aussi désormais impossible de retirer le filtre à particules. Mais la mise en oeuvre de cette réforme s'avère très complexe pour les centres techniques...

Les contrôles techniques seront de plus en plus sévères avec les normes environnementales. L'article 65 de la loi de transition énergétique prévoit qu'au 1er janvier 2019, les centres de contrôle techniques puissent être capables de vérifier les émissions de dioxyde d'azote et de monoxyde d'azote (les Nox).

Pour cela, il est nécessaire de définir une norme mais également une méthodologie. L'objectif pour le gouvernement est de ne plus se contenter de vérifier les niveaux de pollution au moment de l'homologation mais également lors de la vie du véhicule. "La France sera le premier pays en Europe à contrôler les Nox", explique Martine Houlière, PDG du réseau Sécuritest, qui fait parti du groupe SGS et qui détient avec son autre enseigne Autosécurité, 32% du marché en France.

Le gouvernement a ainsi mandaté les centres de contrôles techniques afin de mener de septembre à mars une expérimentation de ces tests. Chez Securitest, une quinzaine de centres vont se prêter au jeu de cette remontée statistique.

De la difficulté d'une méthodologie fiable

L'enjeu est donc de convenir des seuils d'émissions de Nox acceptables, et ceux qui révéleraient un dysfonctionnement des systèmes anti-pollution. Il s'agit aussi de dégager une méthodologie fiable qu'il faudra normaliser pour que les équipementiers calibrent les appareils qui doivent permettre d'établir ces diagnostics. Plusieurs appareils sont en course : Capelec, Fog, AVL ou encore Bosch.

Un cinquième acteur propose un appareil qui s'est largement imposé aux Etats-Unis et en Chine: le banc de charge d'Actia Automotive (photo ci-dessous). Securitest a décidé d'équiper cinq centres de son réseau de cet appareil qui s'avère extrêmement contraignant pour les centres techniques. En effet, là où les autres marques proposent seulement des postes roulants avec un écran, un ordinateur, et quelques câbles, le banc de charge est en réalité une machine de roulage qui s'installe à même le sol pour mesurer les différentes données sur une voiture en action.

Pour le centre technique, ce choix nécessite l'achat d'un appareil extrêmement coûteux (autour de 35.000 euros, contre 6 à 8.000 euros pour les systèmes concurrents) et au moins 6.000 euros de travaux de génie civil pour creuser les sols. "Cela équivaut à deux mois de chiffre d'affaires pour un centre technique moyen", rappelle Martine Houlière. Pis, cet appareil est totalement inadapté à certains centres puisqu'il impose un espace vide de 7m à l'avant, et autant à l'arrière, ainsi qu'une largeur de 2,5 m. "Si l'administration homologue la méthodologie tirée de cet appareil, ce serait terrible pour nous", nous confie un gérant de centre technique. Il est vrai que l'avantage du banc de charge est que les données sont plus précises puisqu'elles les tirent d'un véhicule en plein roulage.

Une facture plus salée pour les automobilistes

Pour les Français, cette nouvelle norme devrait également avoir des conséquences. Il sera désormais impossible de se débarrasser du filtre à particule. Car jusqu'ici, les automobilistes pouvaient allègrement passer et valider l'aspect environnemental du contrôle technique y compris sans filtre à particule. Les automobilistes seront donc contraints non seulement de le conserver, de l'entretenir et mais également de le changer régulièrement. Aïe ! L'autre risque est que le contrôle technique devienne également plus cher aux automobilistes. Mais c'est pour la bonne cause.