Carlos Tavares : "Nous sommes darwiniens ! "

Par Nabil Bourassi  |   |  496  mots
Pour Carlos Tavares, plus que jamais le secteur automobile est soumis à une transformation qui subira la sélection naturelle où seuls les plus forts survivront. (Crédits : © Gonzalo Fuentes / Reuters)
Cette phrase, maintes fois prononcée au cours des rencontres avec les journalistes, illustre plus qu'une vision du monde, elle modèle une méthodologie fondée sur un pragmatisme exacerbé au nom de la performance opérationnelle. Pour Carlos Tavares, c'est en acceptant cet état de fait que PSA pourra et saura tirer son épingle du jeu. Verbatim!

Ce n'est pas un slogan mais, finalement, Carlos Tavares a résumé en quelques mots la vision du monde qui a fondé sa méthodologie. Dans une récente interview au Monde, le Pdg de PSA a expliqué que le secteur automobile serait soumis « jusqu'en 2030, à une période extrêmement chaotique, plein de risques et d'opportunités typiquement darwiniennes ». Au Mondial de l'automobile de Paris, il n'a cessé de reprendre cette expression comme pour avertir...

Que ce soit sur le Brexit ou les normes CO2, il traitera le sujet de la même façon avec les mêmes réflexes. « Au Royaume-Uni, c'est comme le C02, s'il n'y a pas de deal, je serai renvoyé à mes responsabilités qui consistent à protéger mon entreprise », a-t-il indiqué.

« Je prendrai les décisions nécessaires de la manière la plus humaniste possible, et bien entendu, après en voir discuté en amont avec les partenaires sociaux. »

Darwinien ? Sans aller jusqu'à comparer l'industrie automobile à une jungle, le patron de PSA a une idée fixe : ne pas se retrouver dans la situation de quasi-faillite de 2012-2013 et dont le salut n'avait été permis que par l'entrée de l'Etat et du chinois DongFeng au capital. Une opération finalement assez contre-nature dans une vision darwinienne... Au point de se radicaliser ?

« Notre quête de la performance est obsessionnelle. Le reste, c'est de la démagogie », a lâché celui qui a redressé le groupe automobile en deux ans seulement.

La théorie darwinienne revisitée par Carlos Tavares

« Je veux nous mettre à l'abri des ennuis qui vont atteindre les plus faibles, en nous rendant plus robustes, plus sains et plus rentables afin de continuer à investir dans de nouvelles technologies », a-t-il ainsi théorisé.

Car il en est convaincu, le secteur va nécessairement connaître un retournement de cycle, et, à ce moment-là, les plus faibles disparaîtront (la sélection naturelle) ou, mieux encore, seront des opportunités (ou des proies, en langage darwinien) à l'image d'Opel. D'ailleurs, il existe bien, dans le monde, un marché au bord de la rupture... Le marché américain a retrouvé ses niveaux d'avant-crise depuis plusieurs années déjà, et semble désormais avoir atteint un haut de cycle avec des stocks qui s'accumulent et des remises qui se multiplient.

« Les Etats-Unis restent un pôle incontournable de création de valeur, et les initiatives du gouvernement actuel [Donald Trump, Ndlr] ne remettent pas en cause notre projet de retour sur ce marché », a rappelé Carlos Tavares, promettant des annonces d'ici au début 2019.

Mais en cas de retournement de ce marché, impossible de ne pas penser à Fiat Chrysler Automobiles (FCA) dans les candidats potentiels aux « opportunités ». Le groupe italo-américain fragilisé dispose d'un important portefeuille de marques bien implantées en Amérique du Nord, soit autant d'opportunités, et tant pis si c'est un retour par effraction... Car qu'y a-t-il de plus darwinien que la loi du marché ?