CO2 : les constructeurs veulent des normes plus strictes, Trump enrage

Par Nabil Bourassi  |   |  629  mots
(Crédits : MAL Langsdon)
Des constructeurs automobiles se sont alliés afin d'adopter de très stricts objectifs de réduction d'émissions polluantes, alors que Donald Trump a décidé d'annuler la réglementation de son prédécesseur à la Maison-Blanche. Le président américain a traité les constructeurs "d'insensés" et fustige désormais la Californie, à l'origine d'une réglementation héritée du mandat de Barack Obama.

Pas assez dures les normes CO2? Alors qu'en Europe, les constructeurs automobiles sont vent debout contre les objectifs imposés par Bruxelles, aux États-Unis, c'est le monde à l'envers. Les constructeurs automobiles se sont alliés afin d'adopter comme un standard au niveau national la réglementation très restrictive en vigueur en Californie, et ce, alors que le président américain est en passe d'annuler toutes les dispositions engagées sous le mandat d'Obama en matière de réductions d'émissions polluantes.

Une alliance qui s'élargit

D'après le New York Times, Mercedes Benz et un autre grand constructeur (General Motors si l'on en croit les sous-entendus twittés par le président) seraient sur le point de rejoindre Ford, Honda, BMW et Volkswagen qui ont signé fin juillet, un accord avec l'État de Californie qui a élaboré la réglementation la plus sévère des 50 États américains.

En juin déjà, 17 constructeurs avaient demandé au président Trump de ne pas revenir sur toute une série de normes. Ils estiment que d'autres États s'apprêtent à faire cause commune avec l'État de Californie, notamment celui de New York, la Pennsylvanie ou encore le Massachusetts. Impossible dès lors de proposer deux typologies d'automobiles sans impacter les chaines industrielles, autant s'aligner sur le plus-disant en matière de normes.

« Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'un cadre garantissant une solution nationale est la meilleure voie d'avenir », ont déclaré, en juillet, les quatre constructeurs à l'origine de cette initiative dans un communiqué.

Quelques aménagements à la loi Obama

L'accord prévu avec l'État de Californie reprend les objectifs du plan climatique de Barack Obama et qui prévoit un objectif de consommation équivalant à 4,7 litres par 100 kilomètres à horizon 2025. En réalité, l'accord passé avec le Golden State a permis d'alléger quelques contraintes. Ainsi, les constructeurs gagnent une année, et surtout, ils obtiennent une flexibilité dans les objectifs annuels puisque, désormais, ils devront réduire leurs émissions de CO2 de 3,7% par an, contre 4,7% dans le texte adopté sous la précédente administration fédérale.

Donald Trump de son côté enrage! Il a mis tout son poids dans la balance pour en finir avec la réglementation Obama. Et il tente désormais d'interdire à la Californie le droit d'avoir sa propre norme. Mercredi soir, il a ressorti son arme favorite, Twitter, pour critiquer les constructeurs automobiles.

« Henry Ford serait très déçu s'il voyait ses descendants vouloir construire une voiture beaucoup plus chère, beaucoup moins sûre et moins efficace, parce que leurs dirigeants ne veulent pas se battre contre les régulateurs californiens », a-t-il écrit.

Il estime que la fin de ces normes baisserait le coût par voiture d'environ 3.000 dollars, tout en améliorant, selon lui, leur sécurité. Il a également jugé que ses mesures auraient "très peu d'impact sur l'environnement", avant de traiter les constructeurs "d'insensés".

Un enjeu international

De son côté Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie, a interpellé tous les protagonistes:

« J'appelle le reste de l'industrie automobile à nous rejoindre, et l'administration Trump à adopter ce compromis pragmatique au lieu de leur projet régressif de changement de réglementation. »

En réalité, l'enjeu des constructeurs automobiles américains dépassent largement les frontières californiennes, voire américaines puisque, partout dans le monde, ils sont soumis à des objectifs CO2 extrêmement contraignants. Que ce soit en Europe, ou en Chine, partout les marchés ont largement sévi. Au point que le marché américain risque de prendre du retard et ainsi perdre un avantage compétitif sur un sujet aussi majeur que l'environnement, et dont le resserrement réglementaire à terme semble absolument inéluctable...