Comment Volvo est redevenu une "cash-machine"

Par Nabil Bourassi  |   |  771  mots
Hakan Samuelsson (à droite) PDG de Volvo, aux côtés de Li Shufu, PDG de Geely, propriétaire de Volvo.
Depuis son rachat en 2010 par le groupe automobile chinois Geely, le constructeur suédois a beaucoup investi pour refonder sa gamme, mais également pour se repositionner sur le haut des marques Premium. Les excellents résultats financiers de 2016, mais également la poursuite du redéploiement du plan produit promettent de belles perspectives dans les années à venir.

Ce n'est plus un succès, c'est un triomphe ! Les résultats annuels de Volvo Cars consacrent la stratégie de repositionnement de Volvo sur le haut-de-gamme. Certes, la marque suédoise n'a jamais vraiment été une marque généraliste, mais elle a clairement réorienté son plan produit sur la partie haute des marques Premium depuis son rachat par le chinois Geely à l'américain Ford en 2010 en pleine tempête financière.

Des bénéfices qui flambent

Et le résultat est spectaculaire. Volvo a enregistré en 2016, une hausse de 10% de son chiffre d'affaires à 19,1 milliards d'euros. Le bénéfice opérationnel après amortissement (Ebit), lui, ressort à 1,16 milliard d'euros, en hausse de 66%, soit une marge de 6% contre 4% l'année précédente. C'est bien la montée en gamme de la marque qui a permis une aussi flagrante amélioration de la rentabilité. Pour rappel, Volvo avait enregistré un chiffre d'affaires de 13,3 milliards d'euros en 2011, et un bénéfice de 170 millions d'euros à peine, avec une marge opérationnelle de 1,3%.

La trésorerie, de son côté, s'envole également à 1,3 milliard d'euros, contre 900 millions l'année précédente. Mais celle-ci a surtout été alimentée par les activités financières puisque le cash flow opérationnel a légèrement baissé.

Sur l'aspect commercial, Volvo affiche une hausse de 6,2% de ses ventes mondiales avec 534.332 voitures vendues, soit une troisième année consécutive de nouveau record. En Europe, les ventes ont légèrement progressé de 2,7% (+4,1% hors Suède). C'est moins que la performance du marché ce qui fait passer la marque sous la barre de 2% de parts de marché. Sur les deux autres marchés, au contraire, les ventes s'inscrivent dans une forte dynamique. Aux États-Unis, elles se sont envolées de 18% et de 11,5% en Chine.

Plus de voitures vendues, surtout plus chères

L'essentiel pour Volvo n'est pas tellement le volume, mais la qualité des ventes réalisées. D'ailleurs, le mix-produit (c'est-à-dire la part des ventes en finitions supérieures) explique plus encore que les volumes, la hausse du chiffre d'affaires. Ainsi, sur le 1,7 milliard de recettes supplémentaires engrangées en 2016, 1,2 milliard est à mettre sur le fait que les acheteurs achètent des versions plus chères.

Si le XC60 reste le best-seller de Volvo avec 161.000 ventes, soit sa neuvième année de record, c'est la gamme des 90 qui a boosté les ventes et les marges. Le XC90, le très gros SUV de la marque, a vu ses ventes augmenter de 125% pour sa deuxième année de commercialisation. Ce bon démarrage est de bon augure pour sa famille de gamme puisque Volvo a lancé une berline (S90) et un break (V90) l'été dernier, en attendant un break crossover (V90 Cross Country) qui arrive au premier semestre 2017.

Mais la dynamique du plan produit n'en est qu'à ses débuts puisque Volvo va présenter au salon de Genève un nouveau XC60, son best-seller donc, qui sera suivi en 2018 d'une berline et un break dans la même famille. Enfin, fin 2017, un troisième SUV arrivera sur le marché : le XC40.

Deux nouvelles usines en vue

C'est donc une véritable offensive de renouvellement de sa gamme que Volvo va poursuivre. La progression des marges pourrait néanmoins être moins spectaculaire puisque les prochains modèles seront situés sur des segments moins "haut-de-gamme". Les volumes compenseront sans aucun doute.

Volvo s'apprête d'ailleurs à inaugurer une troisième usine en Chine pour répondre à cette perspective. Aux États-Unis, une usine sera également ouverte en Caroline du Sud en 2018. Volvo vise les 800.000 voitures à horizon 2020, soit le double de sa production de 2013.

De lourds investissements consentis

Ce retour de Volvo n'est pas le fruit du hasard. Le groupe a investi plus de 11 milliards de dollars entre 2011 et 2015 pour refonder une plate-forme modulable et une nouvelle famille de moteurs à quatre cylindres. Le principe est de partager 40% des pièces entre les différentes gammes afin de gagner en compétitivité. Cet aspect industriel était devenu prioritaire pour Volvo qui pesait près de 4 fois moins qu'un Audi en volumes qui, en plus, partage de nombreuses pièces avec le groupe Volkswagen.

L'internationalisation de Volvo explique également ce retour aux bénéfices. Aux États-Unis, la marque bénéficiait déjà d'une solide notoriété, il ne manquait que les produits. En Chine, le rachat par Geely a permis d'accélérer nettement sur ce marché. Volvo a largement profité de son savoir-faire dans les SUV et les grandes berlines statutaires, pour le plus grand bonheur des officiels Chinois.