Dieselgate : l'étau se resserre autour de Mercedes

Par Nabil Bourassi  |   |  516  mots
Mercedes doit rappeler près de 3 millions de voitures, une chiffre immense pour un groupe qui a l'habitude de vendre seulement 2 millions de voitures par ans.
Le groupe automobile allemand a annoncé un rappel de trois millions de voitures pour mettre à jour son logiciel qui gère les systèmes de dépollution. Il s'agit d'activer ceux-ci à basse température. En réalité, Mercedes fait l'objet d'une enquête sur la présence d'un logiciel et qui, selon la presse allemande, serait de la même nature que celui installé par Volkswagen sur ses moteurs diesels.

Mercedes dans l'œil du cyclone ? Après plusieurs semaines de polémiques, le groupe automobile allemand a annoncé qu'il allait étendre un programme de rappel à près de 3 millions de voitures. Soit un immense rappel pour une entreprise qui n'a vendu que 2 millions de voitures sur l'ensemble de l'année 2016.

Selon le groupe, ce rappel doit permettre d'optimiser les systèmes de dépollution de ses voitures. "Afin d'améliorer efficacement le niveau d'émissions de davantage de modèles, Daimler a maintenant décidé d'étendre son action (de rappel) volontaire pour y inclure plus de trois millions de véhicules Mercedes-Benz", indique, dans un communiqué, Daimler.

Un rappel à 220 millions d'euros

Ce rappel, entièrement pris en charge, coûtera environ 220 millions d'euros au groupe allemand. Cette mise à jour doit permettre aux véhicules d'enclencher les systèmes de dépollution y compris à basse température. Les constructeurs automobiles avaient plus ou moins joué sur une ambiguïté du droit européen pour neutraliser ces systèmes à basse température. Dès lors, les ingénieurs ont dû installer un logiciel afin d'enclencher ou non les systèmes de dépollution, ce qui n'est pas sans rappeler la triche fomentée par le groupe Volkswagen. À ceci près que dans ce dernier cas, le logiciel servait à activer les systèmes de dépollution uniquement en cas de contrôle extérieur.

Par cette action, le message de Daimler veut montrer qu'il est prêt à renoncer à cette désactivation à basse température si cela doit permettre de rassurer l'opinion publique.

"Le débat public autour des moteurs diesel créé de l'incertitude, en particulier pour nos clients. C'est pourquoi nous avons décidé de mesures supplémentaires pour rassurer les conducteurs de voitures diesel et renforcer la confiance dans la technologie diesel", a ainsi argumenté Dieter Zetsche, le patron de Daimler dans le communiqué.

Soupçon sur une triche plus large

Pas question pour autant de donner crédit aux rumeurs sur un scandale sur les émissions, et ce, malgré les perquisitions engagées par la justice allemande. D'après la presse allemande, l'enquête ne concernerait pas un logiciel qui gère la température, mais qui désactive le système de dépollution en présence d'un test de contrôle.

"L'entreprise de Stuttgart aurait pendant presque une décennie, de 2008 à 2016, vendu en Europe et aux États-Unis des voitures avec un niveau d'émissions polluantes élevé et non autorisé", écrit le quotidien Süddeutsche Zeitung, qui a collaboré avec les chaînes régionales NDR et WDR.

Selon le document que se sont procuré ces journaux, environ un million de véhicules pourraient être concernés. Sans entrer dans le détail, le parquet de Stuttgart avait déclaré le juillet avoir « toujours dit que le soupçon initial reposait sur une manipulation du traitement des émissions polluantes sur des véhicules diesel de Daimler ». Deux personnes seraient dans le collimateur de la justice allemande. Il s'agirait de deux ingénieurs qui auraient travaillé sur le développement logiciel pour la motorisation diesel.