"L'électrification va apporter plus de plaisir à nos clients" Yves Bonnefont, DS Automobiles

Par Propos recueillis par Nabil Bourassi  |   |  786  mots
Yves Bonnefont. (Crédits : DS)
Le directeur général de la marque automobile française filiale de PSA explique comment l'électrification (voitures hybride rechargeable et 100% électrique) participe à sa stratégie de positionnement premium. Il suffit, selon lui, qu'une ou deux agglomérations en Europe, décident de restreindre leur centre-ville pour entraîner une bascule rapide du marché. Entretien.

LA TRIBUNE - Vous avez annoncé qu'à terme, la marque DS ne disposera que de modèles électrifiés. En quoi est-ce que cette décision répond à votre ambition premium?

YVES BONNEFONT - Il y a plusieurs aspects derrière notre stratégie d'électrification, ils correspondent aux valeurs que DS a toujours défendues. Parmi celles-ci, il y a notre ambition d'apporter un confort dynamique à nos clients, c'est-à-dire de la vivacité dans la conduite mais avec un maximum de confort. L'électrification est une réponse parfaitement adaptée à cette exigence parce qu'elle nous permet d'avoir du couple - capacité à accélérer - disponible d'entrée de jeu, dès 0 km/h, contrairement à une voiture thermique. En outre, la technologie électrique enlève les vibrations de roulement, ce qui améliore nettement le confort de conduite. Ensuite, notre vocation est d'offrir à nos clients un objet de plaisir et de liberté. Or, nous savons que demain, des villes restreindront leur centre-ville à une circulation exclusivement zéro carbone. Avec nos modèles, nos clients continueront de circuler y compris en centre-ville. Enfin, notre démarche est de participer à un monde où l'efficience des ressources naturelles est de plus en plus importante. Nos motorisations électrifiées permettront d'optimiser leurs ressources, grâce à la récupération d'énergie au freinage par exemple, soit quasiment 20 % d'autonomie supplémentaire. Nous pensons que la voiture électrifiée n'est pas un effet de mode, elle apporte un changement structurel par rapport au thermique.

Pour le moment, la voiture électrifiée est un marché de niche. Ne craignez-vous pas de vous enfermer dans un marché trop étroit ?

Nous avons une stratégie en deux temps. Jusqu'en 2025, tous nos nouveaux modèles seront disponibles dans une version électrifiée, c'est-à-dire en hybride rechargeable ou en 100 % électrique. Il y aura une cohabitation de ces versions avec notre offre thermique classique. Nous sommes d'autant plus à l'aise que notre production est totalement flexible puisque nos voitures seront fabriquées sur les mêmes lignes, qu'elles soient en version électrifiée ou en thermique. En revanche, à compter de 2025, nos nouveaux modèles seront proposés uniquement dans une version électrifiée. D'ici là, je n'ai pas de boule de cristal, mais nous pouvons raisonnablement penser que le marché de la voiture électrifiée va se développer. Nous estimons qu'il suffit qu'une ou deux agglomérations en Europe décident de restreindre leur centre-ville pour que cela entraîne une bascule très rapide du marché. De plus, nos clients à la recherche de la voiture plaisir et sans contrainte seront les premiers à s'y intéresser.

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Pensez-vous que l'électromobilité soit l'avenir du premium ? Parce que, pour l'heure, si on enlève Tesla, vous devenez le seul constructeur premium à prendre le pari du tout électrifié...

Sur la DS 7 Crossback, lorsque nous avions annoncé, il y a deux ans, que la version 4x4 ne serait disponible qu'en hybride, cela avait surpris tout le monde. Aujourd'hui, c'est devenu une évidence. DS Automobiles est une marque jeune dans l'univers premium, elle se crée dans un secteur automobile qui vogue de disruptions en disruptions, et tout cela va à une vitesse incroyable. La principale erreur que notre industrie pourrait commettre serait de sous-estimer cette vitesse. La chance de DS est d'être arrivée au milieu de ce processus de transformation, et naturellement nous nous inscrivons dans ces changements. C'est plus difficile de déployer une nouvelle technologie quand on a un portefeuille de marque de 15 modèles. Nous avons une excellente opportunité pour prendre un coup d'avance. De la même manière que nous voulons faire partie du peloton de tête en matière d'autonomie. Je rappelle que la DS 3 Crossback sera le premier modèle du segment B à proposer un mode de conduite autonome de niveau 2.

Beaucoup de constructeurs travaillent sur l'hydrogène, qui apporte des solutions nouvelles à l'électromobilité, notamment en matière d'autonomie...

Nous n'avons pas de feuille de route sur l'hydrogène, mais nous regardons comment cela évolue. L'avantage de cette technologie, c'est que ce n'est jamais qu'une pile à combustible qui remplace les batteries, autrement l'architecture technique de la voiture est exactement la même que celle d'une voiture électrifiée. Le sujet de l'hydrogène, c'est de savoir comment va évoluer la densité énergétique des batteries électriques, car si celle-ci continue d'augmenter de manière significative, le déploiement d'un réseau de recharge hydrogène deviendra trop coûteux et complexe. Mais si l'hydrogène se développe et s'impose, nous n'aurons aucun état d'âme à investir dans cette technologie.