Le prix du diesel augmente, et va continuer à augmenter... Les Français s'en détournent

Par Nabil Bourassi  |   |  517  mots
Les achats de diesel ont fortement chuté passant de 64% des voitures neuves en 2012 à 38% en 2016.
Les prix à la pompe ont augmenté après la décision de l'OPEP de réduire sa production. Mais cette augmentation devrait se poursuivre par le truchement des différentes fiscalités qui ont été recalibrées afin de réduire l'écart entre le diesel et l'essence. Les Français, eux, ont déjà commencé à massivement baissé leurs achats de voitures diesel.

Le temps du carburant pas cher touche-t-il à sa fin ? L'année 2016 se termine en tout cas sur une touche moins optimiste qu'en début d'année. Avec un litre à 1,2134 euros en moyenne, le diesel a enregistré sa cinquième semaine de hausse consécutive, selon le ministère de l'Énergie. Pour rappel, il y a un an, ce même carburant tombait sous le seuil de 1 euro le litre.

À ce niveau, le diesel reste encore bon marché comparé au 1,5 euro le litre atteint en 2012, comme le rappel l'économiste Thomas Porcher sur BFMTV. Il n'empêche qu'il s'agit d'une hausse de près de 20% en un an.

Cette hausse est la répercussion directe de la hausse des cours du pétrole sur les marchés. En novembre, les cours du pétrole ont augmenté de 20% suite à l'annonce de l'OPEP de réduire sa production d'or noir afin de soutenir les cours.

En réalité, les prix avaient déjà commencé à augmenter puisque la décision du cartel n'a contribué qu'à hauteur de 7% de la hausse des cours sur l'ensemble de l'année.

Difficile d'anticiper l'évolution des cours du pétrole, soumis à une très forte et imprévisible volatilité. En revanche, les prix du diesel vont augmenter de 3,9 centimes dès janvier, tandis que l'essence augmentera de 1,1 centime. Les différentes fiscalités qui pèsent sur les produits énergétiques (TICPE) vont davantage pénaliser le diesel et ainsi réduire l'écart entre l'essence et le diesel.

Selon Thomas Porcher, le diesel pourrait atteindre 1,3 euro le litre. Il a estimé que le surcoût lié à cette hausse du prix à la pompe pourrait coûter jusqu'à 14 euros par mois pour un ménage moyen, et 20 euros pour un ménage qui habite en zone péri-urbaine et qui sollicite donc la voiture beaucoup plus souvent.

La panoplie de mesures anti-diesel

Les ménages, eux, ont déjà tiré les conclusions de cet état de fait puisqu'ils ont largement réduit leurs achats de diesels. En 2012, 64,4% des immatriculations neuves de particuliers étaient des diesels. Elles ne représentent plus que 38%  de ces achats. Selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), la consommation d'essence a augmenté de 3,1% sur les onze premiers mois de l'année 2016, contre une quasi-stagnation de la consommation de diesel (+0,3% seulement).

La tendance devrait s'aggraver puisque parmi la panoplie de mesures anti-diesel prise par le gouvernement, il y a également des mesures visant les achats de société, qui représentent plus de la moitié du marché du neuf.

L'année 2017 pourrait donc être une année charnière. Mais rien ne dit que les jeux sont faits. Une nouvelle fièvre des cours du brut pourrait ainsi redonner des arguments au diesel. Car même si l'écart de fiscalité entre le diesel et l'essence se réduit, la motorisation diesel reste moins consommatrice en carburant (entre 20 et 25% selon les modèles et les motorisations). Mais il faudra une sacrée augmentation, car en dessous de 25.000 kilomètres par an, une voiture essence reste plus économique qu'un diesel.