Les constructeurs automobiles divisés sur un moratoire sur les objectifs CO2

Par Nabil Bourassi  |   |  467  mots
(Crédits : Peter Nicholls)
Alors que la crise du coronavirus plonge les constructeurs automobiles dans une profonde crise, la perspective de sanctions due à la nouvelle réglementation sur les quotas de CO2 à respecter pèse comme une épée de Damoclès supplémentaire. L'Association des constructeurs européens d'automobile tente de mener les discussions entre ses membres pour formuler une demande de moratoire auprès de Bruxelles, mais certains constructeurs y sont opposés comme le Français PSA...

Elles étaient redoutées, elles pourraient être reportées, ou aménagées... Les nouvelles règles de quotas de CO2 à respecter que l'Union européenne doit imposer cette année aux constructeurs automobiles opérant sur le territoire communautaire, pourraient faire l'objet d'un exceptionnel report en raison de la crise du coronavirus.

Des amendes potentiellement colossales

Selon nos informations, l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) planche sur un texte qui demanderait officiellement un moratoire sur les dispositions de cette réglementation entrée en vigueur au 1er janvier mais dont le premier exercice sera clos au 31 décembre. Pour rappel, cette réglementation sanctionne d'une amende de 95 euros chaque gramme de CO2 qui dépasse l'objectif de 95 grammes par kilomètre, par voiture vendue.

Le secteur automobile est d'ores et déjà confronté à une violente crise économique avec des ventes en chute libre, des usines fermées sur tout le continent, et des centaines de milliers de salariés mis au chômage technique. La pandémie de coronavirus a déjà contraint les constructeurs de fermer la plupart de leurs usines sur le continent. Résultat, les ventes sont proches de zéro. Le manque à gagner, mais également les dépenses structurelles sont colossales. De nombreux groupes pourraient rencontrer de graves problèmes de trésorerie. C'est le cas de Renault. Réagissant aux rumeurs de nationalisation qu'il a démenties, Jean-Dominique Senard, le président de Renault a admis ce week-end dans le Parisien que le groupe au losange pourrait être amené à "solliciter des garanties auprès de l'Etat".

Evaluées à des centaines de millions d'euros, voire même des milliards dans le pire des scénarios, des sanctions supplémentaires liées à la nouvelle règlementation sur le CO2  pourraient faire l'effet d'un couperet sur des groupes industriels largement fragilisés par la crise.

Pas de consensus

Mais l'ACEA ne semble pas avoir trouvé de consensus parmi les constructeurs pour un texte commun. Certains d'entre eux ne sont pas favorables à un report, jugeant que cela sanctionnerait leurs propres efforts pour se mettre dans les clous. D'après nos sources, le groupe PSA ferait parti de ceux-là.

Selon nos informations, le sujet a bien été posé lors du comité stratégique de filière réuni jeudi 19 mars à Bercy autour de Bruno Le Maire et Agnes Pannier-Runacher qui ont accueilli favorablement cette initiative. Reste à mettre tout le monde d'accord avant d'aller présenter le projet à Bruxelles. Car d'ores et déjà des résistances s'organisent. Contactée par La Tribune, Karima Delli, présidente de la Commission Transport du Parlement européen, est farouchement opposée à un report de la réglementation CO2. "C'est maintenant que notre industrie doit préparer la transition énergétique", a-t-elle martelé. Le feuilleton ne fait que commencer...