Les Français prêts à la révolution des mobilités

Par Nabil Bourassi  |   |  711  mots
Les sondés pointent la difficile cohabitation avec les modes de transports traditionnels, comme les voitures et camions de livraison qui se garent sur les pistes cyclables. (Crédits : Reuters)
Deux études publiées le 17 septembre montrent qu'une grande partie de la population française est attentive aux transformations en cours dans le monde de la mobilité. D'un côté, ils sont impatients que des solutions alternatives émergent, tant ils ne sont pas satisfaits de la situation actuelle. De l'autre, la question de la voiture électrique est de moins en moins taboue, mais elle suscite toujours autant de réticences.

Alors que la loi d'orientation sur les mobilités tarde à sortir, la question est de plus en plus au cœur des préoccupations des Français, mais également des startsups et autres acteurs des mobilités. Deux études sorties simultanément le lundi 17 septembre montrent à quel point les Français sont désireux d'une révolution dans leurs habitudes de transports.

Le premier constat de l'étude du Boston Consulting Group (BCG), réalisée dans un échantillon restreint qu'est l'Île-de-France, réside dans l'idée fondamentale que les jeunes franciliens ne sont pas satisfaits des transports en commun. Ils jugent que « cette expérience quotidienne » nuit à leur bonne humeur, une proportion qui atteint les 52% pour les usagers du RER. Cette part redescend à 32% pour les utilisateurs de vélos ou scooters.

Pas encore un réflexe

L'étude constate également que si 97% des jeunes franciliens possèdent une application de mobilité en libre-service (27% en possèdent plus de six), ils ne sont que 6% seulement à les utiliser quotidiennement, une part qui tombe à 1% lorsqu'il s'agit du covoiturage. Paradoxalement, ils sont 76% à avoir utilisé au moins une fois l'un de ces services lors des six derniers mois. Autrement dit, il existe une forte appétence pour ces nouvelles mobilités, mais elle est encore loin d'être un réflexe.

Selon les sondés, ces solutions manquent encore de disponibilité, surtout en périphérie. La "sur-fréquentation" de certains services, mais également "l'incivilité" de certains usagers (l'étude cite l'exemple de vélos garés dans des cours d'immeubles et donc inaccessibles), est vécu comme un frein par 82% des jeunes franciliens pour adopter ces modes de transports. Ils pointent également la difficile cohabitation avec les modes de transports traditionnels, comme les voitures et camions de livraison qui se garent sur les pistes cyclables. Les sondés réclament une meilleure adaptation des infrastructures.

Il y a donc bien un besoin de changement bien palpable. Ces griefs à basculer sur les nouveaux modes de mobilités sont autant de frein pour laisser tomber la voiture individuelle. Pourtant, même chez les conducteurs de voiture, on observe une profonde volonté de changements comme en témoigne une étude publiée, cette fois par l'Avere France et Mobivia, dans une étude menée par Ipsos. D'après cette étude, près des ¾ des Français sont « prêts à changer leurs habitudes de mobilité pour contribuer à améliorer la qualité de l'air ». Cet indicateur est pourtant en recul par rapport à la même étude réalisée un an auparavant.

Moins accros à la voiture !

En revanche, dans le détail, l'étude constate que les Français utilisent moins leurs voitures : 58% conduisent leur voiture quatre fois par semaine (-5 points par rapport à 2014). La moyenne des trajets quotidiens est également en baisse passant de 31 km en 2016 à 29 km aujourd'hui. La part des conducteurs conduisant plus de 50 km par jour a également baissé de 3 points (20%).

On note également que l'appétence des Français pour l'électromobilité a beaucoup augmenté, surtout chez les jeunes et les CSP+. Ainsi, le nombre de français qui a déjà essayé une voiture 100% électrique a augmenté de 4 points depuis 2016, mais cette hausse est de 15 points chez les moins de 35 ans, et de 19 points chez les cadres.

Pour eux, l'univers de la voiture électrique est de moins en moins floue puisqu'ils se disent de mieux en mieux informés sur les grilles tarifaires (+12 points depuis 2012) et sur les modèles (+11 points). Mais ils sont également de plus en plus nombreux à exprimer une information insuffisante sur les dispositifs de recharge électrique (+3 points à 63% des sondés).

Cruelle conclusion, le nombre de sondés prêts à acheter une voiture électrique est resté stable (35%). Parmi les freins à l'achat, l'autonomie limitée reste le plus cité (52%). En conclusion, l'étude explique que « l'engouement pour le véhicule [électrique, ndlr] est aujourd'hui en phase de maturation ». « Le sondage démontre également les efforts considérables qui restent à déployer » sur la communication des solutions de recharge et des « dispositif d'aides publiques ».

En téléscopant ces deux études, on note que les Français sont attentifs aux nouvelles solutions de mobilité à condition que celles-ci participent à améliorer leur quotidien. Une attente proportionnelle à leur insatisfaction, autrement dit, une immense attente...