Mise en vente par Renault, la Fonderie de Bretagne est bloquée par des salariés

Par latribune.fr  |   |  671  mots
(Crédits : STEPHANE MAHE)
Depuis mardi matin, l'usine de Caudan de la Fonderie de Bretagne est bloquée par des salariés lesquels ont relâché dans la soirée des membres de la direction qui avaient été "retenus" quelques heures. Les salariés demandent leur maintien au sein du groupe Renault qui a mis en vente le site. Le groupe a condamné ce blocage et appelle au calme. Des tensions qui traduisent les difficultés des sous-traitants automobiles français, notamment les fonderies.

Grosses tensions dans l'usine de Caudan (Morbihan) de la Fonderie de Bretagne, mise en vente le 11 mars par le groupe Renault. Depuis mardi matin, l'usine est bloquée par des salariés pour demander leur maintien au sein du groupe automobile. Installée près de Lorient depuis 1965, la Fonderie de Bretagne (350 salariés) fabrique des bras de suspension, des collecteurs et coudes d'échappement, ainsi que des différentiels de boîte de vitesses.

Des membres de la direction bloqués dans l'usine

Sept membres de la direction ont été empêchés de sortir mardi midi. Dans la soirée, vers 22h30, ils ont pu finalement quitter le site. Le délégué CGT Maël Le Goff a expliqué à France Bleu que ce n'était pas du tout une séquestration, juste d'une tentative de dialogue qui a fait flop :

"Ils pouvaient sortir quand ils voulaient. On demandait une discussion franche, mais on n'a pas pu discuter avec eux de la journée. Il n'a jamais été question de séquestration. D'habitude, ils sortent à 21 heures, là ils sont sortis à 22 heures. Ils sont restés toute la journée à dire qu'ils étaient séquestrés, ce qui est absolument faux.", a-t-il expliqué au micro de France Bleu.

Même si le maire de Caudan, Fabrice Vély, a une interprétation différente, il s'inquiète surtout de la situation qui pourrait se prolonger:

"Ça pourrait durer quelques jours. Ils sont quand même très énervés", a-t-il jugé.

Mardi soir, la direction de Renault a condamné le blocage de l'usine et appelé à un "retour au calme immédiat".

"Renault Group condamne fermement ces agissements, appelle à la levée du blocage et à un retour au calme immédiat", indique Renault dans un bref communiqué, précisant que "la recherche d'un repreneur suit actuellement son cours afin de maintenir les activités du site et d'assurer la pérennité des emplois".

D'après, Éric Blanchier, élu CGT, le blocage a commencé quand "l'équipe du matin a voulu rencontrer le directeur de l'usine". "Mais aucune discussion n'est possible et elle a décidé de ne pas reprendre le travail. Malheureusement on a dû en arriver là alors qu'hier on bossait, c'est eux qui nous ont poussé à bout", a affirmé le syndicaliste.

Le blocage était toujours en cours mardi soir. "On bloque la production et l'expédition des pièces", a précisé Maël le Goff. "On veut une discussion franche et ferme avec la direction de Renault et la préfecture".

À l'été 2020, Renault a demandé une revue stratégique qui a conclu que le site devait diversifier ses activités et poursuivre la réduction de ses coûts de production. Les salariés demandent leur maintien au sein du groupe Renault, qui a annoncé le 11 mars la mise en vente de l'usine afin de "pérenniser les activités et les emplois".

Les fonderies en grande difficulté

Ce blocage intervient alors que de nombreux sous-traitants automobiles, notamment des fonderies, sont en grande difficulté. Lundi, le gouvernement a annoncé un fonds de 50 millions d'euros pour accompagner la reconversion des salariés du secteur automobile. Les constructeurs Renault et Stellantis apporteront 10 millions chacun, et les régions seront invitées à y participer aussi.

Le 20 avril, trois équipementiers automobiles de la Vienne et de l'Indre appartenant au groupe Alvance de l'Indo-Britannique Sanjeev Gupta ont été placés en redressement judiciaire. Il s'agit des deux unités aluminium et fonte des Fonderies  du Poitou, à Ingrandes près de Châtellerault, ainsi qu'Alvance Aluminium Wheels, à Diors près de Châteauroux. Ces équipementiers totalisent quelque 850 salariés. A Ingrandes, deux unités sont implantées l'une à côté de l'autre : Liberty Fonte dont la production de carters pour diesel n'étant plus porteuse et dont la fermeture était déjà actée, et Liberty Alu, qui fabrique notamment des culasses, un produit plus porteur. Le site de Diors est quant à lui spécialisé dans la fabrication des jantes automobiles.

(avec AFP)