Opel : l'agenda de la nouvelle Astra en butte avec le Brexit

Par Nabil Bourassi  |   |  511  mots
(Crédits : DR)
Carlos Tavares, PDG de PSA, n'a pas encore scellé le sort de l'usine d'Ellesmere Port près de Liverpool. Il a cependant averti qu'un hard Brexit relocaliserait la production de l'Astra sur le continent, condamnant ainsi l'usine. La perspective d'un report du Brexit pourrait néanmoins conduire à la même funeste issue...

Jusqu'ici relativement silencieux, les constructeurs automobiles commencent à s'agacer très sérieusement des vicissitudes d'un Brexit sans fin... Ce matin, près de 23 associations européennes représentant les industriels de la filière automobile ont signé un texte dénonçant la perspective d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sans accord. "Les conséquences d'un non-accord sur ce secteur seraient graves", écrivent-ils. Selon eux, c'est tout le modèle d'un secteur industriel intégré qui est en jeu.

« Le Brexit n'est pas seulement un problème britannique, nous sommes tous concernés dans l'industrie automobile européenne et même au-delà. Que ce soit en tant qu'exportateurs sur le marché britannique ou en tant que producteurs locaux, nous serons inévitablement affectés », déclare Christian Peugeot, président du Comité des constructeurs français d'automobiles.

L'Astra, un cas d'école

L'avenir de l'Opel Astra illustre parfaitement les dilemmes auxquels sont confrontés les constructeurs automobiles. Le renouvellement de la compacte allemande est prévue pour 2021, mais c'est aujourd'hui que se décide son dispositif industriel afin d'adapter les outillages et les réglages de ligne et de cadence. Cet été, le groupe PSA, propriétaire de la marque depuis août 2017, a ainsi annoncé que l'Opel Astra quitterait l'usine polonaise de Gliwice (qui sera désormais spécialisée dans les grands fourgons) afin de revenir sur le fief historique de la marque à Russelsheim. Le groupe a néanmoins indiqué que l'Astra continuerait d'être produite sur deux sites, sans statuer sur l'avenir de celui d'Ellesmere Port, près de Liverpool, où elle est actuellement produite.

En juillet, Carlos Tavares avait menacé de regrouper la production sur le continent si les conditions du Brexit entravaient la rentabilité de la future Astra. Désormais, la perspective d'un report du Brexit pourrait également conduire à une telle décision puisqu'un nouveau délai ne serait plus compatible avec son agenda industriel.

Des capacités non utilisées

Le cas échéant, l'usine d'Ellesmere Port serait alors fermée. Ce site qui a déjà été saigné passant de 1.700 emplois à un millier aujourd'hui , exporte environ 80% de sa production tout en important plus des trois quarts de ses composants... Autrement dit, c'est un pur produit du marché unique. En outre, avec 77.000 voitures sorties en 2018, ce site est très en-dessous des standards de performance du groupe. Actuellement, l'usine ne tourne qu'avec une seule équipe, là où d'autres sont à trois équipes!

Le renouvellement de l'Opel Astra est stratégique pour la filiale allemande de PSA. La version actuelle a connu un succès très mitigé, malgré son titre prestigieux de voiture de l'année 2016. Au premier semestre, les ventes ont baissé de 21% pour représenter 80.000 immatriculations. Une version renouvelée vient d'être commercialisée afin de relancer les ventes, mais également de remotoriser le modèle en vue des objectifs de CO2. C'est donc une Opel Astra fragilisée qui joue son avenir, et PSA ne pourra pas se permettre de lui ajouter la difficulté industrielle que représente un Brexit.