PSA se dit "choqué" par les accusations de tricherie sur ses moteurs diesel

Par Nabil Bourassi  |   |  538  mots
Le groupe PSA s'est voulu très à la pointe dans la transparence en matière d'émissions de Nox et CO2.
La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a transmis ses investigations visant les motorisations diesel du groupe PSA à la justice. Après Volkswagen, Renault et Fiat, PSA se retrouve dans l'oeil du cyclone, lui qui a plaidé la transparence et ses efforts en matière de dépollution.

"Nous sommes extrêmement choqués" ! Gilles Le Borgne, directeur de la recherche et du développement de PSA, n'a pas dissimulé sa déception lors d'un point presse improvisé quelques heures à peine après avoir appris par le ministère de l'Economie que la DGCCRF allait transmettre au procureur de la République les résultats de ses "investigations sur les émissions polluantes des véhicules diesel" concernant PSA.

Pas de logiciels de triche installé, selon PSA

Il a répété que non seulement les véhicules diesels fabriqués par le groupe "respectaient les réglementations en vigueur", qu'aucun logiciel visant à rendre inactifs les systèmes de dépollution en usage normal n'était installé. Il a également rappelé que PSA disposait des "meilleures voitures diesels" en matières de dépollution.

"Nous avons inventé le filtre à particules, nous avons été les premiers à généraliser le SCR sur tous notre gamme diesel (système qui permet de neutraliser les particules fines, ndlr)", a-t-il lancé à des journalistes convoqués en dernière minute alors que le ministère de l'Economie publiait un communiqué annonçant la décision de la DGCCRF.

"Le groupe fera valoir ses arguments pour éviter les amalgames, défendre ses intérêts et ceux de ses 180.000 salariés, et pour préserver la confiance de ses clients", a-t-il enfin plaidé.

Des opérations transparence

Mais que reproche la DGCCRF à PSA ? Il faut dire que le groupe automobile français n'a pas pas ménagé ses efforts depuis l'éclatement du scandale des moteurs truqués de Volkswagen en septembre 2015, puis la mise en cause par la Commission Royal de Renault qui avait fait l'impasse sur le SCR, lui préférant la technologie moins efficace du Noxtrap. PSA a organisé des opérations transparence en collaboration avec l'association environnementale France Nature Environnement, à l'aide du bureau Veritas afin de définir un protocole objectif d'évaluation des émissions de polluants en situation réelle. La Commission Royal elle-même n'a rien trouvé à redire sur les modèles du groupe PSA.

Le Cactus de Citroën récemment épinglé...

Mais la DGCCRF, elle, a jugé utile de venir perquisitionner les locaux de PSA en avril 2016. Plus récemment, c'est l'étude d'un laboratoire indépendant travaillant pour le compte de la Commission européenne qui a épinglé le Citroën Cactus. D'après cette étude, la version diesel Blue HDI 100 de cette berline française aurait montré de sérieuses anomalies. "En situation réelle de conduite, sur les routes d'Espagne et d'Italie, la Citroën C4 Cactus BlueHDi 100 produit jusqu'à 585 mg de NOx par kilomètre. Or, ces oxydes d'azote, particulièrement nocifs pour la santé, ne doivent pas être produits à plus de 80 mg/km pour être labellisés Euro 6. Un label obtenu par la Cactus", indiquait Le Parisien, mi-janvier, pour divulguer cette affaire.

Côté PSA, on rejette toutes tentatives de tricheries. Gilles Le Borgne défend le choix de PSA d'avoir "calibrer" ses moteurs afin de privilégier la neutralisation des Nox en ville, et de privilégier un réglage plus favorable à la réduction du CO2 en usage extra urbain "une fois que la voiture est chaude".