Comment Renault veut faire de son nouveau Captur sa vache à lait

Par Nabil Bourassi  |   |  759  mots
(Crédits : Renault)
Avec la première génération de Captur, le groupe automobile français s'est déjà installé comme le leader du segment des SUV citadins. Avec cette nouvelle version, plus soignée, Renault vise la montée en gamme, mais également à se relancer sur le tumultueux marché chinois.

Quatre mois seulement après le lancement de la nouvelle Clio, Renault lance une nouvelle génération de son Captur, son SUV citadin (qu'on appelle aussi le segment B-SUV). Lancé en 2013, deux ans après le Nissan Juke (premier du genre), le Captur a révolutionné le paysage automobile européen en compactant encore davantage les SUV jusqu'ici dominés par le Nissan Qashqai et le Toyota Rav4.

Depuis, il a été suivi du Peugeot 2008, moins identifié comme un SUV dans sa première version, puis de l'Opel Mokka. Mais c'est depuis 2018 que le constructeur automobile français a été rejoint par une salve de modèles concurrents, notamment en provenance du groupe Volkswagen.

De 1 à 20 concurrents

"Quand nous avons lancé le Captur, nous avions un concurrent, aujourd'hui, nous en avons 20", souligne Frédéric Clermont, directeur marketing des segments A et B. Mais ce succès ne fait pas peur, au contraire, il a consolidé ce segment en faveur d'un Captur désormais doté du confortable et juteux statut de leader.

Les ventes du Captur tournent autour de 240.000 ventes par an en moyenne sur les trois dernières années, un chiffre stable malgré la très forte hausse du segment (+41% en 2018). Mécaniquement, sa part de segment a baissé de 5 points à 13% en Europe.

"Être resté leader dans un contexte de concurrence exacerbée est déjà une excellente performance et ce n'était pas gagné", insiste néanmoins Frédéric Clermont.

En tout et pour tout, il s'est vendu 1,2 million d'unités depuis son lancement.

Continuité stylistique

En plus d'un enjeu de leadership, Renault fait le pari de la montée en gamme avec ce nouveau Captur, dans le sillage de son alter ego côté berline, la Clio. Ainsi, comme elle, le nouveau Captur garde l'essentiel des codes stylistiques au point qu'il sera difficile de distinguer les deux générations. Si ce n'est, toutefois, son envergure puisqu'elle s'allonge de 11cm pour mesurer 4,23m.

"100% des pièces sont nouvelles", nous assure-t-on chez Renault.

"Nous l'avons voulu plus moderne, plus musclé et plus expressif en allant chercher des codes SUV plus affirmé", a déclaré Christophe Dupont, directeur du design du programme Captur.

Parmi les autres attributs du SUV, le nouveau bébé de Renault s'équipe pour la première fois de barres de toit, celui-ci sera d'ailleurs plus fuyant et les épaules de carrosseries seront plus prononcées.

Révolution à l'intérieur

Mais c'est à l'intérieur que se passe la véritable révolution. Renault a tout misé sur la qualité perçue et l'ergonomie afin de viser une clientèle plus haut de gamme. Sur la version automatique, une console aérienne permet de donner une touche de modernisme et d'audace. Côté connectivité, le Captur accueille un nouveau système pour remplacer feu R-Link devenu totalement obsolète. EasyLink se veut totalement personnalisable, plus ergonomique également. Le tableau de bord est également digitalisé, à l'instar de ce que font désormais ses concurrents comme Peugeot.

Enfin, Captur veut proposer une multitude de combinaisons de styles. "Nous voulons devenir la référence de la personnalisation", lance Christophe Dupont. Il existe plus de 90 combinaisons possibles entre les teintes de caisses, les couleurs de pavillon, et les 18 tonalités intérieurs, sans parler des ambiances lumineuses.

L'objectif étant de tirer les prix vers le haut. Alors que le Captur gagne en taille et en qualité perçue, Renault a toutefois décidé de maintenir le prix d'appel. Mais l'amplitude sera plus importante. Une version Initiale Paris, le label haut de gamme de Renault, viendra coiffer la gamme.

Chine en vue...

Sur les motorisations, Renault propose trois moteurs essence, deux diesel, et surtout un moteur hybride rechargeable. Ce dernier veut positionner le Captur sur un haut niveau de performance avec ses deux moteurs électriques et les 150 brevets de son levier de vitesse qui limite la perte d'énergie et rend le moteur plus réactif.

Le nouveau Captur est donc un modèle ambitieux pour Renault. Il doit conforter son leadership, mais son rôle sera surtout de repositionner la marque sur des ventes plus haut-de-gamme, pour plus de profits. Son dernier défi, et pas des moindres, sera de relancer les ventes du français en Chine, un pays vorace en SUV. Sauf que le Captur, aussi ambitieux soit-il, devra affronter un marché connu pour sa complexité, mais qui traverse actuellement un conséquent trou d'air. AlixPartners parle d'une baisse de 3 millions d'immatriculations annuelles d'ici à 2021. Un défi de plus pour la star de Renault !