"Seat ne doit plus être en dessous de 5% du marché" Luca de Meo

Par Propos recueillis par Nabil Bourassi, à Barcelone  |   |  766  mots
Luca de Meo veut consolider les positions de Seat en Europe et dans le pourtour méditerranéen avant de se lancer à l'assaut de l'Amérique Latine.
Luca de Meo, Pdg de Seat, a présenté des résultats commerciaux et financiers records pour l'exercice 2016. Il estime que la marque automobile espagnole jouit de la dynamique de ses nouveaux modèles, notamment avec l'arrivée d'un SUV. Luca de Meo veut poursuivre son offensive produit avec l'arrivée de nouveaux SUV et d'une nouvelle Ibiza, mais se montre néanmoins prudemment optimiste quant aux performances des années à venir...

LA TRIBUNE - Vous avez présenté des résultats commerciaux et financiers records alors que vous n'êtes qu'au début de votre offensive produit. Pensez-vous faire mieux en moyenne les prochaines années que la hausse de 3,2% enregistrée en 2016 ?

LUCA DE MEO - Nous essaierons évidemment de faire mieux. Ce qui est intéressant c'est que, pour l'instant, il n'y a pas encore d'effet de gamme sur nos résultats puisque l'Ateca, notre premier SUV, est sorti courant 2016 et n'a pas encore produit d'effet en année pleine. Pour l'heure, elle a compensé la disparition de l'Altea sur sa performance annuelle. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'après dix ans de vaches maigres, Seat a désormais une véritable stratégie produit. Mais nous avons décidé de ne pas nous arrêter sur le produit, nous allons investir dans les moteurs et les nouvelles technologies. Par exemple, l'amortissement de la nouvelle Ibiza pèsera sur nos comptes cette année. Mais l'important, c'est que nous avons défini une trajectoire et nous nous y tenons car le pire serait de créer une émulsion des ventes qui retomberait aussitôt après...

Sur votre stratégie de gamme, le grand tournant pour Seat a effectivement été le lancement de l'Ateca, votre premier SUV. Vous avez annoncé un second SUV cette année, l'Arona, puis un troisième, de sept places, à horizon 2018. Qu'en est-il des monospaces et des grandes routières ?

L'annonce d'une gamme de trois SUV confirme notre volonté de nous recentrer sur cette carrosserie très porteuse et aussi très rentable. Mon sentiment, c'est qu'au terme de ce plan produit en incluant l'Ibiza, notre couverture de gamme sera pertinente. Je ne crois pas à la multiplication du nombre de modèles. Je ne veux plus être en-dessous de 5% en part de segment où je considère que nous n'existons pas. S'agissant des monospaces, aucune décision n'a été prise, la succession de l'Alhambra dépendra de la stratégie du groupe. Mais compte tenu des éléments que je viens de vous livrer, s'il fallait choisir entre l'Alhambra et l'Ateca, le choix est fait...

Vous allez renouveler l'Ibiza autour de laquelle il y a un enjeu d'image pour Seat puisque c'est un des modèles emblématique de la marque. Y a-t-il pour autant un enjeu de rentabilité pour cette voiture placée sur un segment extrêmement concurrentiel en Europe ?

Il y a un enjeu de marge bien sûr puisque l'Ibiza est une voiture à fort volume. L'an dernier, nous avons encore vendu plus de 150.000 Ibiza, ce qui est assez remarquable pour un modèle qui a neuf ans. Demain, nous allons proposer une voiture encore meilleure qui nous fera bien entendu gagner de l'argent. J'ajoute que l'Ibiza a été conçue à partir de la plateforme MQB A0 qui appartient au groupe Volkswagen et à partir de laquelle près de 700.000 voitures seront construites, ce qui nous donne un avantage compétitif.

Vous souhaitez vous développer davantage dans le pourtour méditerranéen avant d'envisager un plan d'action en Amérique Latine. A partir de quel seuil de volume ou de parts de marché vous considérez-vous suffisamment fort pour vous engager sur cet autre continent ?

On aimerait déjà que les Français et les Italiens achètent plus de Seat. Pour l'heure, nous sommes encore trop faibles sur ces deux marchés majeurs. Nous allons donc positionner deux modèles bien connus pour faire du volume et au moins franchir le seuil des 50.000 ventes qui est pour moi un seuil tactique pour accélérer sur un marché.

Quel est le problème de Seat sur les marchés français et italiens d'après vous ?

D'abord, ce sont deux marchés où les constructeurs nationaux ont une place très forte. Ensuite, je pense que nous devons travailler notre image de marque dans ces deux pays. Seat, c'est une marque jeune, une marque du sud, mais c'est aussi une marque de qualité. Or, nous nous sommes rendus compte que le marché ne percevait pas encore le saut qualitatif accompli par Seat.

Cette mauvaise perception peut être un handicap sur le marché des flottes très attachée à la valeur à la revente...

C'est un travail que nous voulons pousser dans les années à venir. Mais nos voitures affichent une valeur résiduelle compétitive parce qu'elles sont de bonne qualité et bien équipées. En même temps, nous voulons préserver un autre fondamental de notre marque qui est son accessibilité.

Propos recueillis par Nabil Bourassi