Valeo : l'État monte dans le capital contre les fonds activistes

Par Nabil Bourassi  |   |  503  mots
(Crédits : Benoit Tessier)
BPI France et la CDC ont enregistré auprès de l'AMF une déclaration de franchissement de seuil dans le capital de Valeo. Après avoir fortement dévissé en 2018, le capital de l'équipementier automobile français est encore soumis à une forte volatilité et l'État craint que des fonds activistes s'emparent du capital et contraignent le management à engager des restructurations.

C'était le drame boursier de l'année 2018, la chute vertigineuse et inexorable d'une ancienne star des marchés : Valeo avait alors perdu plus de 60% de sa valeur boursière. Depuis le début de l'année, l'équipementier automobile français limite les pertes (+1,9%), mais son titre reste encore très volatil. Face à cela, les deux bras armés de l'État sur les marchés financiers, la CDC et BPI France, ont accru leurs achats au point d'être contraints d'enregistrer, mercredi 27 mars, une déclaration de franchissement de seuil auprès de l'AMF.

CDC est resté stable avec 2,14% du capital, tandis que BPI France est passé de 1,84 à 2,99%. Agissant nécessairement de concert - puisque BPI est détenu en parti par la CDC et agissent au nom des mêmes intérêts publics -, ces deux participations s'additionnent et passent de 3,98 à 5,12%. En termes de droits de vote, la puissance publique représente désormais 6,24% du capital et devient le deuxième actionnaire de Valeo. L'été dernier, Norges Bank (banque centrale de Norvège) alors premier actionnaire avec 8% du capital, était progressivement descendu et avait franchi les 5% du capital. Il ne reste qu'Harris associates encore détenteur de 6,4% du capital du groupe français.

BPI France a indiqué auprès de l'Agefi-Dow Jones que son initiative s'inscrivait "dans la volonté d'investir dans des sociétés françaises présentant un fort potentiel de croissance". Il s'agit également de protéger Valeo du retour de fonds activistes dans le capital comme entre 2007 et 2011 lorsque le fond Pardus poussait le groupe à se recentrer.

Fortes pressions du marché

Valeo est soumis depuis un an maintenant à une forte pression des marchés quant aux effets de change, mais également les conséquences des guerres commerciales entre la Chine et les États-Unis. En Europe, la transition énergétique a également coûté très cher au groupe français qui a dû essuyer l'énorme déstockage des constructeurs européens en juillet et août dernier, tandis que la baisse des ventes de diesel a impacté une partie de son business. Enfin, Valeo, comme les autres groupes automobiles et équipementiers, a nettement augmenté ses investissements en R&D.

Ainsi, la coentreprise avec Siemens sur des systèmes de propulsion électrique est encore en cours de mise en œuvre industrielle. Valeo revendique néanmoins un carnet de commandes conséquent et se dit convaincu de détenir ici un gisement de croissance et de profits à moyen terme.

Pour Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo, les turpitudes boursières ne changent cependant rien à sa stratégie de croissance rentable. Le groupe continue d'investir dans des technologies innovantes et estime que sa part dans la valeur ajoutée de la voiture va augmenter dans les prochaines années. Soit autant de profits potentiels. S'il est exclu que l'initiative de l'Etat dans le capital de Valeo soit de nature purement spéculative, il n'empêche que si Valeo retrouvait ses niveaux de 2017, la plus-value serait juteuse...