Lafarge en Syrie : trois cadres mis en examen

Par latribune.fr  |   |  310  mots
Lafarge est soupçonné d'avoir fait transmettre de l'argent à l'EI en échange de l'obtention de laissez-passer pour ses employés et de s'être, sous couvert de faux contrats de consultants, approvisionné en pétrole auprès de l'organisation, qui avait pris le contrôle de la majorité des réserves stratégiques du pays à partir de juin 2013.
Le cimentier français Lafarge est soupçonné d'avoir pactisé avec Daech. Le directeur de la cimenterie de Lafarge en Syrie à partir de l'été 2014 est poursuivi pour "financement d'une entreprise terroriste". Deux autres directeurs du groupe ont été mis en examen dans la soirée de vendredi.

Article initialement publié à 16h39 et mis à jour à 19h49.

Ils sont désormais trois. Trois cadres du cimentier Lafarge ont été mis en examen ce vendredi 1er décembre. Ils sont soupçonnés d'avoir, via leur entreprises, indirectement financé des organisations jihadistes, dont le groupe Etat islamique, pour se maintenir en Syrie malgré la guerre.

Frédéric Jolibois, directeur de la cimenterie de Lafarge en Syrie à partir de l'été 2014, a été le premier à être mis en examen pour "financement d'une entreprise terroriste", "violation du règlement européen" concernant l'embargo sur le pétrole syrien et "mise en danger de la vie d'autrui", a précisé à l'AFP Jean Reinhart. Bruno Pescheux, directeur de l'usine de 2008 à 2014, et Jean-Claude Veillard, directeur sûreté chez Lafarge, l'ont ensuite suivis.

Deux autres cadres du groupe ont été présentés vendredi aux juges d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen.

Lafarge, soupçonné d'avoir pactisé avec Daech

Le dossier est hors-norme : le groupe, qui a fusionné en 2015 avec le Suisse Holcim, est soupçonné d'avoir pactisé avec l'organisation d'Abou Bakr al-Baghdadi, derrière les attentats les plus meurtriers commis en France ces dernières années, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014 son usine de Jalabiya (nord de la Syrie).

Lafarge est soupçonné d'avoir fait transmettre de l'argent à l'EI en échange de l'obtention de laissez-passer pour ses employés et de s'être, sous couvert de faux contrats de consultants, approvisionné en pétrole auprès de l'organisation, qui avait pris le contrôle de la majorité des réserves stratégiques du pays à partir de juin 2013.

Entendu une première fois début 2017 par les douanes judiciaires, Frédéric Jolibois avait reconnu avoir acheté du pétrole à "des organisations non-gouvernementales" notamment kurdes ou islamistes, en violation de l'embargo décrété par l'Union européenne en 2011.

(Avec AFP)