10.000 respirateurs en 50 jours : quatre industriels répondent à l'appel

Par Nabil Bourassi  |   |  720  mots
Air Liquide va pouvoir accélérer la cadence de production de ses respirateurs artificiels en s'appuyant sur l'expertise de trois industriels: PSA, Valeo et Schneider Electric. (Crédits : Air Liquide)
Valeo, PSA, Schneider Electric vont prêter assistance à Air Liquide, premier producteur de respirateurs en France, pour augmenter significativement la production de ces appareils essentiels dans le traitement des cas graves de coronavirus. Ce consortium a été piloté sous la férule d'Agnes Pannier-Runacher, la secrétaire d'Etat à l'industrie.

Voilà un consortium absolument inédit ! Monté en une dizaine de jours sur un projet hautement technique, avec un objectif très ambitieux, le tout sans profit... Il fallait bien une crise aussi grave que celle du coronavirus pour pousser quatre groupes d'envergures mondiales à se mobiliser dans des délais aussi brefs. C'est sous la férule du gouvernement que Valeo, PSA et Schneider Electric ont accepté de prêter assistance à Air Liquide, premier producteur français de respirateurs, pour accélérer la production de ces appareils médicaux qui permettent de traiter les cas les plus graves de coronavirus.

Tripler le nombre de lits équipés

Chez Air Liquide Medical Systems, on rappelle avoir déjà triplé sa production après une commande de 1.000 respirateurs passé par le gouvernement mi-mars. Cette commande sera honorée aux deux tiers avant fin avril, précise le groupe. Oui, mais le gouvernement en veut beaucoup plus... Il veut tripler son parc actuel de 5.000 lits équipés... C'est ce parc qui crée un engorgement du milieu hospitalier et conduit parfois à des drames. La secrétaire d'Etat à l'Economie, Agnes Pannier-Runacher, a donc piloté ce projet réunissant diverses expertises afin de produire 10.000 respirateurs en 50 jours.

Il était nécessaire de trouver des expertises sur quatre aspects : "la sécurisation des composants, la réorganisation des ateliers de production et l'implication de ressources supplémentaires", indique Air Liquide dans un communiqué de presse. D'ores et déjà, le consortium constitué ce jour a annoncé qu'il se mettait en capacité de produire 4.500 respirateurs entre le 15 et le 30 avril.

Yann Vincent, patron de la direction industrielle de PSA, a indiqué que son rôle serait de fabriquer "le bloc mécanique qui permettra de renforcer la capacité de production d'Air Liquide". PSA prévoit de consacrer un "atelier" de 1.000 m2 sur son site de Poissy, et de pouvoir livrer l'usine Air Liquide d'Antony (sud de Paris) dès le début de semaine prochaine. En outre, le groupe automobile va mobiliser une cinquantaine de salariés en renfort sur le site même d'Antony. Toutes les ressources humaines sont mobilisées sur la base du volontariat.

"Nous nous sommes demandés comment nous pouvions aider Air Liquide, nous avons visité le site d'Antony, mobilisés nos ingénieurs, et nous avons compris que nous avions une véritable expertise dans la production de blocs mécaniques", a expliqué Yann Vincent.

L'enjeu de la chaîne d'approvisionnement

Chez Valeo, la contribution est davantage d'ordre ingénierie, mais elle est essentielle. L'équipementier automobile a mis à disposition une partie de son ingénierie R&D sur les technologies du plastique, de la mécanique et de l'électronique. En outre, Valeo a également mis à contribution son écosystème de fournisseurs et sa maîtrise de la chaîne d'approvisionnement afin de fournir en pièces critiques le projet du consortium. C'est près de 100 fournisseurs qui sont mobilisés sur ce projet pour fournir près de 300 pièces. Il y a un enjeu à bien maitriser cette chaîne afin de ne pas rompre la chaîne de production. Enfin, l'entreprise a dépêché des ingénieurs industriels et techniciens volontaires afin de faire monter la cadence de production.

De son côté, Schneider Electric s'engage à "fournir dans un délai très court du matériel permettant la reconfiguration des lignes de production", contribuer à "la sécurisation des approvisionnements" notamment électronique et électrotechnique. L'entreprise va également travailler à améliorer les lignes de fabrication. Et enfin, Schneider Electric va appeler des volontaires pour participer à l'effort de production sur des postes d'opérateurs.

Il s'agit de lancer une production 24h/24 et 7jours/7. Près d'une centaine de salariés de Schneider Electric ont d'ores et déjà répondu à l'appel du volontariat. Les membres du consortium ont précisé qu'ils ne tireraient aucune marge sur cette opération. Air Liquide, de son côté, s'est engagé à vendre ces respirateurs "à prix coûtant".

Pour le gouvernement, cette opération représente l'avantage de monter en puissance sur des appareils déjà homologués, soit une sécurité médicale essentielle à l'heure où le coronavirus a déjà tué plus de 3.000 personnes en France, et tandis que la pandémie accélère dans d'autres pays du monde...