Pomme de terre BASF : premier feu vert européen à un OGM depuis 12 ans

Par latribune.fr  |   |  558  mots
La Commission européenne autorise la mise en culture d'Amflora, la pomme de terre transgénique de l'allemand BASF. L'Autriche n'en veut pas.

Elle s?appelle Amflora et sera sans doute bientôt intégrée aux rations destinées à l?alimentation animale. Conçue par l?allemand BASF, cette pomme de terre transgénique vient d?obtenir le précieux sésame qu?elle avait demandé à la Commission européenne. Bruxelles a autorisé ce mardi sa mise en culture.
Dans la foulée, Bruxelles a donné son feu vert à la commercialisation à des fins alimentaires de trois variétés de maïs transgéniques - des dérivés du MON 863 - produites par Monsanto.

La vraie nouveauté concerne l'autorisation de la pomme de terre Amflora. Essentiellement destinée à la production d'amidon, cette nouvelle variété pourra également servir à l'alimentation animale. La Commission européenne n'avait plus donné son feu vert à une culture OGM (organisme génétiquement modifié) en Europe depuis 1998 et le maïs OGM de Monsanto, le MON 810.

Pour prendre sa décision, la commission s?est appuyée sur l?avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (Aesa), qui assure qu?Amflora ne pose pas de problème pour la santé.

BASF met en avant plusieurs spécificités de sa pomme de terre OGM qui devraient plaire aux industriels. Amflora est composée presque exclusivement d'amylopectine, un polymère utilisé dans la production de matière textile, de produits papetiers et d'adhésifs. Cette pomme de terre extrêmement farineuse intègre surtout un gêne lui conférant une résistance aux antibiotiques. "Lorsqu'un antibiotique est appliqué sur les germes de la plante, les plantes qui n?ont pas le trait recherché disparaissent, tandis que les plantes ayant le trait souhaité et donc associées au marqueur, ne sont pas affectées", explique-t-on chez BASF. Comme pour les autres végétaux OGM, les défenseurs de l'environnement craignent des risques de dissémination de ce gène sur les autres plantes cultivées à proximité.

L'Autriche n'a pas tardé à réagir. Dès ce mardi après-midi, le ministre de la Santé a fait savoir qu'il préparait "un texte pour interdire la culture de la pomme de terre OGM" sur le territoire autrichien. Le ministre a dit vouloir légiférer "immédiatement" en vue d'une interdiction nationale. Vienne avait déjà mis en place en 1999 une "clause de sauvegarde" pour empêcher l'importation et la culture de deux sortes de maïs génétiquement modifiés, le MON 810 de Monsanto et le T 25 de Bayer autorisés également par la Commission européenne.

De son côté, le gouvernement français a expliqué qu'il ne se prononcera pas dans l'immédiat, préférant attendre l'avis du Haut conseil des biotechnologies (HCB) pour arrêter sa position. Dans un communiqué commun, Jean-Louis Borloo et Bruno Le Maire, ministre de l'Ecologie et de l'Agriculture, souhaitent "qu'il n'y ait plus d'autorisation d'OGM sans le renforcement de l'expertise scientifique communautaire".

"La France a le droit et le devoir de mettre en place une nouvelle clause de sauvegarde sur la culture de cette pomme de terre sur son territoire", estime l'association écologiste Greenpeace. "Il serait irresponsable de risquer de la disséminer dans l'environnement". Pour le Parti socialiste, le gouvernement doit interdire la culture de cette pomme de terre comme il a interdit le maïs OGM de Monsanto, "à titre préventif".