L'affaire Mediator "est une fabrication", selon Jacques Servier

Par latribune.fr  |   |  314  mots
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Le fondateur du deuxième laboratoire pharmaceutique français, s'insurge contre les accusations portées contre l'un des anciens médicaments, accusés d'avoir fait au moins 500 morts en France, avant son retrait en novembre 2009. Il se dit "sidéré" et "stupéfait".

Jacques Servier, le fondateur du laboratoire pharmaceutique du même nom, s'est violemment indigné, dans une interview publiée par "Le Monde" samedi, des graves accusations portées contre l'un de ses anciens médicaments : le Mediator. Cet antidiabétique, retiré de la vente le 30 novembre 2009, était détourné de son usage par des personnes souffrant d'obésité. Il est jugé responsable par l'Association française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssps) de la mort d'au moins 500 décès sur trente ans à la suite de complications cardiaques.  

"Nous sommes sidérés, stupéfaits", s'emporte Jacques Servier qui ajoute, énigmatique : C'est à se demander si cette affaire est une fabrication" pour "embêter le gouvernement". L'industriel, âgé de 88 ans, accuse ses détracteurs de confondre deux de ses anciens médicaments, l'Isoméride, retiré du marché dès 1997, et le Mediator. Deux médicaments de la même famille, mais composés de de deux molécules différentes. Il y a "plus de différences" entre ces deux médicaments, estime-t-il, qu'entre la testostérone et les oestrogènes, et pourtant, dans ce dernier, il s'agit de la différence entre un homme et une femme". 

Ce deux médicaments ont bien un métabolite commun, reconnaît-il, "mais il est présent à 40% dans l'Isoméride et à 2% dans le Mediator". "Jusqu'en 2008, aucun cas de décès par valvulopathie", fait-il remarquer. C'est pourquoi le chef d'entreprise conteste le chiffre de 500 avancé par l'Afssps, qu'il estime basé sur des "présomptions". Jacques Servier dit avoir le "souci d'élucider ce nombre en liaison "avec le ministère de la Santé, l'Afssps, Mme Frachon [le médecin qui a révélé l'affaire] et la Cnam", la Caisse d'assurance-maladie. 

Le groupe Servier est le deuxième laboratoire français, derrière Sanofi-Aventis, et le premier indépendant, avec 3,6 milliards d'euros de ventes.