Les ciseaux moléculaires d'Emmanuelle Charpentier et de Jennifer Doudna récompensés par le Nobel de chimie

Par latribune.fr  |   |  600  mots
Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, prix Nobel de chimie 2020 (Crédits : Eloy Alonso)
La distinction internationale a été décernée à la généticienne et microbiologiste française et à sa collaboratrice américaine pour leur « méthode d'édition du génome ». Un binôme féminin « historique ».

Elles ont découvert en 2012 « CRISPR-Cas9 », l'un des outils les plus pointus de la technologie génétique. Et qui vaut à Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna de recevoir le prix Nobel de chimie 2020, une récompense assortie de dix millions de couronnes suédoises (950.000 euros).

Pour l'Académie royale des sciences de Suède, qui a fait cette annonce mercredi 7 octobre par communiqué, l'éditeur de gènes CRISPR-Cas9 « a révolutionné les sciences moléculaires de la vie, a apporté de nouvelles opportunités pour la sélection végétale, contribue à des thérapies anticancéreuses innovantes et peut réaliser le rêve de guérir des maladies héréditaires ». Et d'ajouter : « Les chercheurs peuvent les utiliser pour modifier l'ADN des animaux, des plantes et des micro-organismes avec une précision extrêmement élevée ».

Emmanuelle Charpentier, âgée de 51 ans, travaille à Berlin où elle dirige le centre de recherches Max Planck pour la science des pathogènes. Jennifer Doudna a accompli les travaux qui lui valent cette distinction à Berkeley, en Californie.

Elles ont commencé à travailler ensemble en 2011, sur le système immunitaire d'une bactérie avec l'idée qu'elles pourraient peut-être développer une nouvelle forme d'antibiotique. « Au lieu de cela, elles ont découvert un outil moléculaire qui peut être utilisé pour faire des incisions précises dans le matériel génétique, permettant de changer facilement le code de la vie », souligne l'académie des Nobel.

Un duo historique

C'est la première fois dans toute l'histoire qu'un Nobel scientifique est remis à un duo 100% féminin. Et seulement la deuxième fois depuis la création du Nobel de chimie, en 1901, que deux femmes sont simultanément honorées dans une même discipline. La première fois remonte à 2009 quand la récompense a été décernée à l'Australienne Elizabeth Blackburn et l'Américaine Carol Greider, toutefois associée à l'Américain Thomas Steitz.

Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna sont en tout cas les sixième et septième femmes à remporter le prix Nobel de chimie. Elles rejoignent Marie Curie, première femme à l'avoir obtenue en 1911, et Frances Arnold, jusqu'alors dernière en date en 2018.

Côté Français, le Nobel a été attribué sept autres fois à huit scientifiques de l'Hexagone. Frédéric Joliot-Curie et Irène Joliot-Curie est le seul binôme français à l'avoir obtenu jusqu'à présent, en 1935. Le dernier Français était Jean-Pierre Sauvage en 2016 aux côtés de deux chercheurs, britannique et néerlandais.

Lire aussi : Nobel de physique: le prix 2020 récompense les travaux sur les "trous noirs massifs" de Roger Penrose, Andrea Ghez et Reinhard Genzel

Le Nobel de chimie est traditionnellement le troisième de la série. Celui de médecine a été décerné lundi aux Américains Harvey J. Alter et Charles M. Riceau et au Britannique Michael Houghton, découvreurs du virus de l'hépatite C, et celui de physique a été attribué mardi au Britannique Roger Penrose, à l'Américaine Andrea Ghez et à l'Allemand Reinhard Genzel pour leurs recherches sur les trous noirs.

Les prix Nobel de littérature, de la paix et de l'économie seront respectivement annoncés jeudi, vendredi et lundi. Crise sanitaire oblige, le banquet annuel, qui se tient d'ordinaire en décembre à Stockholm après la cérémonie de remise des prix, a été annulé.

(Avec Reuters)