EDF : Christine Lagarde admet "envisager" des hausses de tarifs

Par latribune.fr  |   |  565  mots
La demande de hausse de 20% des tarifs EDF formulée par son PDG, Pierre Gadonneix, dans La Tribune provoque un débat. Christine Lagarde, après avoir dit que le gouvernement ne se sentait pas engagé par les propos du patron d'EDF, a reconnu devant le Sénat qu'il fallait bien "envisager" des hausses de tarif. Le PS et les associations de consommateurs montent aussi au créneau.

L'annonce de la demande de hausse de 20% des tarifs EDF formulée par son PDG Pierre Gadonneix dans les colonnes de La Tribune jeudi provoque un débat des plus animés. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a reconnu ce jeudi devant le Sénat qu'il fallait notamment "envisager" des hausses de tarifs d'électricité pour financer les investissements futurs d'EDF. Elle avait pourtant déclaré ce jeudi matin que le gouvernement n'était pas lié par la demande du patron d'EDF d'une hausse des tarifs de l'électricité de 20% en trois ans. "Le gouvernement n'est absolument pas lié par les appréciations qui sont fournies par M. Gadonneix. C'est une chose qu'avec (le ministre de l'Industrie) M. Estrosi nous examinerons ultérieurement. Quand on veut des étoiles, on demande la lune", a-t-elle dit à la presse en marge d'un déplacement dans la Somme.

Pour sa part, Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale (UMP), a estimé que "l'électricité n'échappera pas à la hausse (du prix) de toutes les énergies" mais que l'Etat n'autorisera jamais qu'elle soit "brutale". "Je ne dis pas que le niveau de hausse soit le bon, je dis que, de toutes façons, l'électricité n'échappera pas à la hausse (du prix) de toutes les énergies", a déclaré Bernard Accoyer sur RMC. Et d'ajouter:  "on ne peut pas d'un côté dire: attention l'énergie ce sont les enjeux de demain et dire à nos enfants: écoutez, nous on ne paie pas l'énergie le prix qu'elle vaut et vous le paierez avec l'endettement d'EDF ou les impôts des Français", a ajouté le président de l'Assemblée. "Aujourd'hui, EDF rachète quatre fois le prix de production l'éolien ou le solaire, c'est bon pour l'environnement, cela amorce la pompe des nouvelles énergies" mais "cela coûte très cher", a aussi fait valoir Bernard Accoyer.

EDF et l'Etat ont signé en octobre 2005, au moment où l'entreprise est devenue société anonyme contrôlée par l'Etat, un contrat de service public. Il garantit jusqu'en 2010 une augmentation des tarifs de l'électricité qui ne peut dépasser le niveau de l'inflation pour les particuliers. Interrogée sur France Info jeudi, l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, a qualifié "d'irresponsable" la déclaration du dirigeant d'EDF. "Ce n'est pas à un président tout seul, indépendamment des consommateurs, des salariés de l'entreprise, des autorités politiques, de lancer dans la nature des chiffres qui font peur aux gens", a-t-elle dit.

L'organisation de consommateurs UFC-Que Choisir parle de "provocation". Le président UMP de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier, a aussi désapprouvé la proposition.Les écologistes de Sortir du nucléaire contestent pour leur part la justification de la demande du patron d'EDF. "Il s'agit en réalité d'une tentative de renflouement. En effet, EDF est menacée d'un crash industriel et financier", estime l'association, évoquant des opérations de rachat à crédit jugées malheureuses à l'étranger. Le PS a jugé cette demande "d'une grande hypocrisie, d'un grand cynisme", au moment où l'entreprise publique vient de clore un emprunt qui lui a permis de récolter auprès des particuliers plus de 3,2 milliards d'euros. Elle a aussi été jugée "disproportionnée" par l'association de consommateurs CLCV. 

Retrouvez l'interview complète de Pierre Gadonneix