Une énergie très politique pour sauver Photowatt

Par Dominique Pialot  |   |  470  mots
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Le président de la République et plusieurs ministres se rendent demain à Bourgoin-Jallieu pour annoncer la reprise du fabricant de panneaux solaires, probablement par EDF EnR.

C?est demain que les salariés de l'unique fabricant français de modules photovoltaïques, Photowatt, devraient connaître leur repreneur. Placée en redressement judiciaire depuis le 8 novembre, l?entreprise recevra en effet la visite de Nicolas Sarkozy à Bourgoin-Jallieu (Isère). Accompagné de trois ministres, NKM (Ecologie), Xavier Bertrand (Travail et Emploi) et Eric Besson (Industrie et Energie), mais aussi du commissaire général à l?investissement, René Ricol, le président pourrait annoncer à cette occasion la reprise de l?entreprise par EDF EnR, la filiale de EDF dédiée aux énergies renouvelables. Proche de Nicolas Sarkozy, comme Bernard Arnault qui a piloté récemment la reprise de Lejaby par l'un de ses sous-traitants, le PDG de EDF Henri Proglio a en effet confirmé avoir déposé une offre qui permettrait de conserver 345 des 430 salariés, et de reclasser les 85 autres au sein du groupe. EDF aurait mis une condition à son offre : reprendre 100 % de PV Alliance, une structure de recherche et développement dans les technologies photovoltaïques dont le CEA possède 20 %, Photowatt et EDF se partageant à parts égales les 80 % restants. Et obtenir au passage une licence d'exclusivité mondiale sur la technologie hétérojonction, qui devrait remplacer la technologie actuelle dans les années à venir et porter le rendement des cellules à plus de 20 %.

Un peu de solaire dans l'unanimité nucléaire

« La blague serait qu?on nous propose des postes dans le nucléaire », ironise sur le réseau social Twitter un des membres du collectif Superwatt. Créé au lendemain de la mise en redressement par d?anciens salariés, ce collectif s?est donné pour mission de « sauver la filière photovoltaïque française », dont il est l?unique acteur intégré verticalement, depuis la cellule jusqu?aux systèmes. Comme les salariés de la raffinerie Petroplus qui avaient promis d?être « un caillou dans la chaussure des candidats pendant toute la campagne », ils ont décidé de faire de leur cas « un dossier politique ». En voyant Nicolas Sarkozy voler au secours d?une entreprise du photovoltaïque entre deux séquences à la gloire de la politique nucléaire française (à l'occasion du rapport publié par la Cour des Comptes le 31 janvier dernier et de celui remis par le Conseil d?analyse stratégique à Eric Besson ce lundi 13 février), on jurerait qu'ils y sont parvenus.

Trois offres ont été déposées

Outre EDF, deux autres repreneurs se sont manifestés : le fabricant de fours industriels grenoblois ECM associé au fonds Abcia-Phoenix, qui reprendrait 382 salariés, et la PME d?assemblage de panneaux solaire implantée à Lyon Solarezo, alliée au fabricant de cellules photovoltaïques de Mayenne MPO (222 personnes). Le tribunal doit en principe trancher le 21 février, mais gageons que les salariés en sauront plus dès demain.