Le PS maintient ses objectifs de modération des prix à la pompe

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  564  mots
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Michel Sapin, le pressenti ministre de l'économie, a confirmé jeudi que le gouvernement allait mettre en place des outils pour lutter contre la hausse des prix des carburants. Même si un blocage ne s'impose plus dès lors que ces prix baissent. L'association de consommateurs CLCV demande « une réforme des prix » en profondeur.

Le blocage des prix à la pompe promis par le candidat Hollande fait déjà débat. Les prix des carburants étant très légèrement orientés à la baisse depuis trois semaines - le litre de gazole est passé à 1,42 euro le litre contre 1,46 euro mi-mars, Michel Sapin, pressenti pour diriger Bercy, a indiqué mercredi que « ce n'est peut être pas le moment de bloquer. Il faut bloquer quand les prix montent ». Ce qui a permis à la droite de gloser immédiatement sur les promesses non tenues du futur président.

Le blocage des prix reste d'actualité en cas de nouvelle flambée
Ce jeudi matin, le même Michel Sapin a précisé au micro de France Inter, qu'« il ne s'agit pas de revenir sur la promesse, mais de s'adapter à la situation". "Bloquer des prix qui baissent, ce serait contraire à l'objectif recherché", s'est-il défendu. Il a confirmé les objectifs du futur gouvernement : la baisse actuelle "n'ôte rien à la nécessité de mettre en place des outils" pour lutter contre "la spéculation", et "éviter qu'à l'avenir ce que l'on a connu ces dernières semaines, et qui est peut-être encore devant nous, puisse se renouveler", a-t-il déclaré.
Pour y arriver, le gouvernement va utiliser deux outils, a précisé Michel Sapin : le blocage des prix à la pompe, mesure « brutale mais nécessaire en cas de montée brutale des prix » des carburants ; et la TIPP flottante (modulation, en cas de flambée des cours, d'une taxe prélevée par l'Etat). "L'objectif c'est de faire en sorte que les pics soient gommés, en tout cas amoindris", et "d'éviter que l'Etat en quelque sorte soit complice de la spéculation et vienne s'enrichir lorsque les prix montent de manière anormale", a ajouté Michel Sapin.

Une hausse du brut est redoutée début juillet
L'association de consommateurs CLCV en profite pour demander des mesures à plus long terme. La CLVC estime que « la très légère baisse constatée ces derniers jours laisse les prix à un niveau historiquement excessif et ne règle en rien le problème, d'autant que tout le monde s'accorde à reconnaître que structurellement, les prix resteront orientés à la hausse » .
Les analystes redoutent notamment une nouvelle flambée du prix du brut cet été, liée à l'entrée en vigueur le 1er juillet de l'embargo européen sur les importations de brut iranien, mais également au début de la saison des ouragans dans le golfe du Mexique qui pourrait perturber l'exploitation de nombreux gisements pétroliers au moment où les Américains consomment beaucoup de pétrole pour leurs déplacements automobiles estivaux.

Co-voiturage, aides à l'achat de véhicules moins énergivores....
La CLCV estime que différents types de mesures sont à explorer : la réforme du poids des taxes (qui représentent 50 à 60% du prix des carburants à la pompe), « l'identification et la limitation des hausses des marges de distribution et de raffinage », la mise en place d'aides à l'achat de véhicules moins énergivores (en utilisant les gains des certificats d'économies d'énergie des pétroliers), une vigilance accrue sur la formation des prix (notamment l'impact de la baisse du nombre de stations service et la position dominante « de certains distributeurs »), enfin, des politiques visant à rendre les consommateurs moins dépendants au pétrole (co-voiturage, auto-partage, transports collectifs, étalement urbain ...).