Nucléaire : nouvelles révélations sur la corruption généralisée en Corée du Sud

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  529  mots
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Le scandale de la corruption dans les centrales nucléaires de Corée du Sud rebondit. Après la contrefaçon de composants fournis par Areva, les pots de vins généralisés, l'enquête vient de mettre à jour de fausses certifications. Deux réacteurs ont du être stoppés.

Deux réacteurs de la 5ème plus grande centrale nucléaire du monde, à Yeonggwang, en Corée du Sud, viennent d'être arrêtés subitement. « Des contrôles de sécurité exhaustifs sont nécessaires sur ces deux réacteurs où des composants non certifiés ont été utilisés de façon extensive », a déclaré le ministre de l'économie Hong Suk-Woo. Les autorités coréennes viennent de découvrir que les certifications de plus de 5.000 éléments (fusibles, systèmes de ventilation.. .) de ces réacteurs sont des faux.
 

De faux certificats délivrés à 7.700 composants depuis 2003

Selon le ministre de l'économie, huit fournisseurs ont livré aux centrales nucléaires coréennes depuis 2003 près de 7.700 produits assortis de faux certificats de conformité. Séoul exige une certification spécifique pour tous les composants entrant dans une centrale nucléaire et a agréé pour les délivrer 12 organismes internationaux. Les réacteurs 5 et 6 de Yeonggwang devraient rester arrêtés au moins jusqu'en janvier, afin de remplacer les éléments incriminés, ce qui devrait occasionner une pénurie d'électricité cet hiver, a ajouté le ministre. Avant d'ajouter que ces composants ne concernaient pas le « c?ur » du réacteur et ne menaçaient pas la sûreté.
 

22 personnes arrêtées dont des cadres de l'exploitant nucléaire KHNP

Cette découverte est le dernier épisode du scandale qui secoue, discrètement, le secteur nucléaire coréen depuis l'ouverture d'une enquête en septembre 2011. Un vaste système de corruption et d' « irrégularités » est mis à jour progressivement. Cet été, 22 personnes ont été arrêtées, dont des cadres de l'exploitant nucléaire public Korea Hydro and Nuclear Power (KHNP). Les enquêteurs ont découvert des pratiques de pots-de-vin généralisées, entre des employés de l'électricien nucléaire et des fournisseurs, mais aussi un système de contrefaçon de composants livrés par Areva.

Des copies de pièces d'Areva brevetées
Le responsable des achats de la centrale de Kori aurait fourni à un industriel coréen une pièce fabriquée par Areva (utilisée pour l'étanchéité des conduites entre le c?ur du réacteur et la salle de commande) qui l'a reproduite en la modifiant légèrement. Puis l'a fait breveter et vendu en plusieurs exemplaires aux centrales nucléaires coréennes. Areva préfère rester discret sur cette affaire, KHNP étant un de ses bons clients, même si sa maison-mère Kepco est devenu un redoutable concurrent en remportant fin 2009 le méga appel d'offres nucléaire d'Abu Dhabi.

La Corée veut d'ici 2030 tirer 60% de son électricité du nucléaire
Les enquêteurs coréens ont souligné que des faits de corruption appliqués au secteur nucléaire était « plus sérieux » par leur implication éventuelle sur la sûreté. Et pourraient donc entraîner des sanctions plus sévères ...La Corée tire un tiers de son électricité de son parc nucléaire de 23 réacteurs. Son objectif est de passer à 60% avec 40 réacteurs d'ici 2030. Quatre réacteurs sont en construction.