"Il serait plus logique d'appliquer les mêmes taxes à tous les produits pétroliers. A l'époque où cette fiscalité a été mise en place, nous avions prévenu qu'en avantageant un carburant, on allait créer un déséquilibre. Aujourd'hui, ce déséquilibre est réel." C'est ce qu'a répondu Christophe de Margerie, PDG de Total, interrogé sur la fiscalité française qui favorise le diesel dans une interview accordée au Monde en date du 11 janvier.

Le débat sur la fiscalité relancé

Une prise de position qui intervient alors que le débat sur une réforme de la fiscalité des carburants vient d'être relancé. Et l'avantage accordé au diesel, qui explique son très grand succès, est sur la selette depuis que l'agence pour le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) l'a déclaré cancerogène.

A la mi-décembre, le président du Comité sur la fiscalité écologique, Christian de Perthuis, avait estimé qu'un rééquilibrage de cette fiscalité était inévitable: "On le fera, la question c'est à quel rythme et comment on va faire passer la pilule", a-t-il dit. L'échéance et le nouveau taux applicable restent pour l'heure inconnus.

L'argument du diesel cancerogène balayé

Quant aux dangers du diesel pour la santé, le PDG de Total les a balayés. "Nous n'avons pas encore tous les éléments d'expertise pour prendre une position. Si c'est un poison mortel, ce que nous ne pensons pas, alors il faudrait l'arrêter. Il est tout de même paradoxal de voir que ce sont les mêmes qui ont autrefois défendu le diesel, comme plus propre que l'essence, qui l'attaquent maintenant..." a-t-il estimé.  Le docteur Christopher Portier, directeur du Centre international de recherche sur le cancer, branche de l'OMS a pourtant déclaré que "les preuves scientifiques sont irréfutables (...) les émanations des moteurs diesel causent des cancers du poumon".