Le Japon a-t-il trouvé la ressource miracle pour son approvisionnement énergétique ?

Par Romain Renier  |   |  525  mots
Le gaz extrait des fonds marins pourrait être l'une des clés de l'indépendance énergétique souhaitée par Tokyo dans les prochaines années - Copyright Reuters
Le Japon a annoncé mardi avoir extrait pour la première fois du gaz d'hydrate de méthane de ses fonds marins. L'archipel disposerait pour cent ans de réserves de ce gaz qui pourrait être l'une des clés pour faire face à sa facture énergétique galopante. Mais il faudra encore se montrer patient, car l'exploitation commerciale en quantité suffisante ne sera pas possible avant plusieurs dizaines d'années.

En plein débat sur le redémarrage de ses centrales nucléaires, deux ans quasi jour pour jour après le séisme qui a frappé le nord-est de l'archipel et causé la catastrophe de Fukushima, le Japon serait-il en passe de trouver une solution à son problème de facture énergétique galopante ? La question mérite d'être posée si l'on en croit l'annonce faite mardi par Tokyo.

Selon le ministre nippon de l'Industrie Toshimitsu Motegi, des chercheurs japonais ont réussi mardi à extraire des fonds sous-marins du gaz d'hydrate de méthane aussi appelé « glace qui brûle ». Il s'agit d'un pas important pour ce programme de recherche conduit par la Japan Oil, Gas & Metals National Corp (Jogmec) depuis une douzaine d'années. Cette ressource présentée par les experts comme révolutionnaire est encore plus compliquée à extraire que le gaz de schiste, plus connu en Europe. Pour l'heure, les chercheurs ont réussi à tirer le gaz pendant quatre heures d'affilée sans encombre.

Cent ans de consommation énergétique en réserve

Selon le ministère de l'Industrie japonais, le dépôt objet sur lesquelles ont eu lieu les recherches et situé dans la fosse de Nankaï pourrait assurer jusqu'à dix ans de consommation énergétique de l'archipel. Toujours selon Tokyo, l'espace maritime japonais pris dans son ensemble recèlerait de quoi assurer l'approvisonnement pendant une centaine d'années. Une manne, et la clé de l'indépendance énergétique,  enjeu majeur pour un pays qui ne dispose de quasiment aucune ressources naturelles.

« Ce sont des estimations raisonnables, » commente Chris Besson, spécialiste Pétrole & Gaz à l'Agence internationale de l'énergie. « On sait qu'il y en a énormément dans le monde, notamment au Japon, qui dispose de fonds marins très profonds, là où on trouve l'hydrate de méthane,» explique-t-il. A terme, Chris Besson considère cette alternative aux énergies conventionnelles comme « très réaliste ».

La transition énergétique n'est pas pour demain

Mais avant de crier victoire, le Japon va devoir se montrer patient. « On est encore loin de savoir produire, on n'en est qu'au stade de la recherche et il n'existe pas de technologie industrielle », prévient le spécialiste de l'IEA. Selon Jogmec, la production commerciale devrait commencer à l'horizon 2016-2018. Pas de quoi remplacer les importations énergétiques toutefois. « Cela ne se fera pas du jour au lendemain », tempère Chris Besson. Le spécialiste considère en effet que la production commerciale d'hydrate de méthane sera significative à l'horizon 2030.

Reste de plus à accomplir les progrès technologiques nécessaires à la production massive et à trouver un modèle économique viable. Selon une étude réalisée par Jocmeg en 2007, la production d'hydrate de méthane pourrait revenir à 92 yens par mètre cube. Soit un peu plus de deux fois ce que coûte l'équivalent en gaz de pétrole liquéfié, ou GPL, au Japon.

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