Gaz : Moscou cesse de livrer Kiev à crédit

Par latribune.fr  |   |  523  mots
Gazprom a d'ailleurs averti Bruxelles de "possibles perturbations" des livraisons de gaz vers l'UE si l'Ukraine prélevait du gaz sur les volumes en transit. (Photo: Reuters)
L'ultimatum imposé par Moscou à Kiev pour rembourser une dette de 1,95 milliard de dollars a expiré lundi matin. Gazprom a alors annoncé être passé à un "système de prépaiement", en vertu duquel "la société ukrainienne (Naftogaz) ne recevra plus que les volumes qu'elle aura payés".

L'Ukraïne devra désormais payer à l'avance pour importer du gaz. L'ultimatum imposé par Moscou à Kiev pour rembourser une dette de 1,95 milliard de dollars ayant expiré ce lundi à 06h00 GMT, la Russie a décidé de conditionner ses livraisons à un règlement préalable.

Le géant gazier Gazprom a annoncé:

"Gazprom, en vertu du contrat en vigueur, est passé à un système de prépaiement pour les livraisons de gaz à Naftogaz".

"Aucun paiement pour juin n'a été effectué. A partir de ce jour, la société ukrainienne ne recevra plus que les volumes qu'elle aura payés".

Risque de perturbations pour l'Europe

Des perturbations des livraisons de gaz russe en direction de l'Europe, dont près de la moitié transitent par le territoire ukrainien, sont ainsi également attendues, comme pendant les précédents conflits gaziers, en 2006 et 2009.

Gazprom a d'ailleurs averti Bruxelles de "possibles perturbations" des livraisons de gaz vers l'UE si l'Ukraine prélevait du gaz sur les volumes en transit. Le groupe russe rappelle que l'opérateur gazier ukrainien Naftogaz "est obligé de garantir le transit" vers l'Europe en vertu du contrat en vigueur et dans les volumes prévus. 

D'importantes réserves accumulées à Kiev

Dans un premier temps, la décision devrait toutefois avoir des répercussions limitées pour l'Ukraine, qui a accumulé ces dernières semaines d'importantes réserves dans ses stockages souterrains. La consommation est en outre limitée en cette saison où les chauffages ne sont pas utilisés.

Kiev a refusé la hausse des prix décidée par Moscou après l'arrivée au pouvoir de dirigeants pro-occidentaux fin février: les 1.000 mètres cubes de gaz sont alors passés de 268 à 485 dollars, un prix sans équivalent en Europe. Dans sa "dernière offre", Moscou a proposé 385 dollars.

Bruxelles nourrit encore l'espoir d'un compromis

Une nouvelle séance de négociation dimanche soir à Kiev s'est terminée sur un échec. A son issue, Sergueï Kouprianov, porte-parole du géant semi-public russe Gazprom, a déclaré à l'AFP:

"Nous n'avons pas trouvé d'accord et il est peu probable que nous nous rencontrions de nouveau".

Les responsables ukrainiens et les Européens, en revanche, ont dit encore espérer un compromis. A Bruxelles, la Commission européenne a déclaré dans un communiqué être "convaincue" qu'un accord entre Kiev et Moscou était encore possible. Une source européenne avait indiqué plus tôt:

"Nous allons essayer de nous rencontrer de nouveau le plus vite possible".

Andriï Kobolev, patron du groupe public ukrainien Nafrogaz, a de son côté commenté:

"Nous espérons que l'économie et le bons sens l'emportent sur la politique".

La cour de Stockholm saisie

Gazprom a par ailleurs annoncé lundi avoir saisi une cour d'arbitrage internationale concernant la dette gazière de l'Ukraine, qui atteint globalement 4,5 milliards de dollars, répliquant ainsi à la menace de procédure de Kiev concernant le prix du gaz en vigueur.

"Gazprom a saisi la cour d'arbitrage internationale de Stockholm d'une plainte contre Naftogaz Ukraine pour réclamer le paiement d'une dette d'un montant de 4,5 milliards de dollars", écrit le groupe gazier dans un communiqué.