Alstom : l'Etat devient le premier actionnaire et s'allie à General Electric

Par latribune.fr  |   |  542  mots
L'offre de Siemens "s'est heurtée aux règles de la concurrence" édictées par Bruxelles, a expliqué le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, lors d'une conférence de presse à Bercy.

L'Etat entrera au capital d'Alstom à hauteur de 20%, en rachetant 2/3 de la participation de Bouygues. Il formera une alliance avec General Electric, qui a été préféré à l'offre commune des concurrents Siemens et Mitsubishi Heavy Industries, a annoncé le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg lors d'une conférence de presse vendredi à Bercy.

L'offre de Siemens "s'est heurtée aux règles de la concurrence" édictées par Bruxelles, a expliqué Montebourg, qui a qualifié Bruxelles de "principal obstacle à la création de champions européens".

L'Etat principal actionnaire

L'Etat français deviendra ainsi le principal actionnaire du fleuron industriel français, ce qui lui permettra d'exercer sa "vigilance patriotique", a précisé le ministre.

Arnaud Montebourg a ajouté:

"Une co-entreprise spécifique française dans le nucléaire et la vapeur sera constituée: Alstom sera maintenue dans une alliance à 50/50 dans le nucléaire, la vapeur ainsi que toutes les activités de la transition énergétique. Cette alliance est donc garantie par l'arrivée de l'Etat aux commandes d'Alstom, c'est en quelque sorte l'Etat qui assure l'effectivité, la solidité et la pérennité de cette alliance".

Des "pénalités" si GE ne tient pas ses engagements en matière d'emploi

Le ministre a indiqué avoir envoyé une lettre d'intention au patron de GE Jeff Immelt, lui précisant les conditions de cette alliance. Il a également précisé que, si les engagements de GE sur l'emploi ne sont pas tenus,  il y aura des "pénalités".

La lettre d'intention est en train d'être examinée par M. Immelt et la direction de GE, a indiqué l'entourage du groupe américain.

C'est maintenant au conseil d'administration d'Alstom qu'il reviendra de décider si le groupe entre en négociations exclusives avec GE. Il devra se réunir au plus tard lundi, date de l'expiration de l'offre de l'américain.

Deux offres améliorées sur la table

Après plusieurs semaines de discussions, deux offres, améliorées en fin de semaine, s'opposaient.

General Electric proposait de créer trois co-entreprises à parité (turbines à vapeur, réseaux et énergies renouvelables) avec Alstom, de lui céder son activité de signalisation ferroviaire et de fixer le siège de quatre activités en France. Dans l'alliance dans les turbines à vapeur, le conglomérat américain accordait à l'Etat français un droit de veto assorti de droits de gouvernance. Le montant initial de l'offre de 12,35 milliards d'euros devait probablement être ajusté à la baisse.

Le tandem germano-nippon Siemens-Mitsubishi Heavy Industries avait rehaussé son offre vendredi, proposant 8,2 milliards d'euros en numéraire, contre 7 milliards d'euros dans une première mouture présentée lundi. Siemens mettait aussi à disposition son activité de signalisation (à l'instar de GE) pour la création d'une coentreprise dans "le management de la mobilité".

Une journée de réunions

Vendredi, plus tôt dans la journée, le président de la République, François Hollande, avait reçu à l'Elysée les dirigeants du groupe américain General Electric et du tandem germano-nippon Siemens/Mitsubishi Heavy Industrie (MHI). Après ces deux entretiens, François Hollande avait réuni les ministres de l'Economie Arnaud Montebourg et de l'Energie Ségolène Royal pour un "debriefing de ces réunions".