Japon : un retour au nucléaire sous tension

Par latribune.fr  |   |  457  mots
Des centaines de personnes sont ainsi venues manifester leur opposition au redémarrage en brandissant des pancartes sur lesquelles était inscrit "arrêtez le redémarrage.
Quatre ans après l'accident de Fukushima, un premier réacteur nucléaire a été relancé mardi pour des raisons économiques. Mais de nombreux Japonais y sont opposés, craignant des lacunes sécuritaires. Et réclament le développement des énergies renouvelables.

Quelques jours après les commémorations des 70 ans des bombardements des villes de Hiroshima et de Nagasaki et quatre ans après la catastrophe de Fukushima, le Japon signe son retour au nucléaire, mardi 11 août.

"Le réacteur numéro 1 de la centrale de Sendai (1.000 km au sud-ouest de Tokyo, dans la préfecture de Kagoshima) a redémarré à 10H30 (01H30 GMT)", a annoncé à l'AFP un porte-parole de la compagnie Kyushu Electric Power.

Le cœur devrait entrer en réaction en chaîne auto-entretenue à compter de 23 heures (14 heures  GMT). Concrètement, vendredi 14 août, il commencera à générer de l'électricité qui sera exploitée commercialement à partir de début septembre, selon la compagnie.

Il s'agit du premier réacteur remis en service en conformité avec la nouvelle réglementation entrée en vigueur en juillet 2013 afin de rendre les centrales nucléaires plus aptes à faire face à une catastrophe naturelle, un attentat terroriste ou un crash d'avion.

26,7 milliards d'euros de dépenses supplémentaires en hydrocarbures

La volonté du gouvernement de droite de Shinzo Abe de "remettre en marche tous les réacteurs jugés sûrs par l'autorité de régulation", comme il le déclarait déjà en juillet 2014, est motivée par des raisons économiques.

L'arrêt des 48 réacteurs, la baisse de la valeur du yen et la hausse du prix des matières premières. La facture d'importations des sources d'énergie fossile a crû de 20% à 30%, comme le rappelait Le Monde fin 2014. En outre, Masakazu Toyoda, expert de l'Institut de l'économie énergétique du Japon (IEEJ) interrogé par l'AFP, a évalué dans un rapport à 3.600 milliards de yens (26,7 milliards d'euros) la somme supplémentaire dépensée chaque année par le Japon en hydrocarbures pour compenser l'absence d'énergie nucléaire.

Doutes autour des garanties de sécurité

Mais une partie de la population japonaise refuse un retour au nucléaire. Devant les portes de la centrale, des centaines de personnes sont ainsi venues manifester leur opposition au redémarrage en brandissant des pancartes sur lesquelles était inscrit "arrêtez le redémarrage", rapporte le Nikkei.

Une manifestation était également prévue mardi soir devant la résidence du Premier ministre à Tokyo.

Les anti-nucléaires dénoncent notamment le manque de garanties concernant la sécurité des réacteurs, mettant en exergue les risques liés aux tremblements de terre notamment.

Pour Ai Kashigawi, de l'ONG Greenpeace, "le gouvernement japonais reste attaché à une économie basée sur l'énergie nucléaire et fossile [...] Mais la réalité est que le Japon a le potentiel de générer 56% de son électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030, ce qui permettrait de réduire les émissions de carbone".