Jean Pisani-Ferry : « La banque pour le climat existe déjà, c'est la BEI »

Par AFP  |   |  402  mots
Jean Pisani-Ferry juge probable l'instauration à terme d'une taxe carbone aux frontières.
En réaction à la proposition d'Emmanuel Macron de créer une "banque européenne du climat", l'économiste Jean Pisani-Ferry plaide plutôt pour un recentrage de l'action de la Banque européenne d'investissements (BEI) sur la transition écologique, dans un entretien à l'AFP.

Pour l'économiste Jean Pisani-Ferry, la banque pour le climat proposée par Emmanuel Macron dans sa tribune pour l'Europe existe déjà, c'est la Banque européenne d'investissement (BEI). Dans un entretien accordé à l'AFP ce mercredi 13 mars, celui qui fût l'un des principaux artisans du programme économique présidentiel d'Emmanuel Macron en 2017 propose de recentrer l'action de la BEI sur la transition écologique.

« La composante climat doit devenir centrale dans l'action de la BEI », insiste-t-il en soulignant que cette banque avait commencé à changer son "business model" en fléchant ses investissements vers l'innovation dans l'environnement.

La proposition faîte par le chef de l'État lundi dernier est déjà portée depuis un an par le climatologue Jean Jouzel et l'économiste Pierre Larrouturou, entre autres, qui plaident pour transformer la BEI en Banque de développement durable.

Un engagement sur le prix du carbone

Selon Jean Pisani-Ferry, la prochaine Commission européenne, formée après les élections du 26 mai, doit « avoir un plan d'action climat à la hauteur des enjeux ».

Cela passe notamment par "un engagement" sur le prix du carbone, aujourd'hui anormalement bas sur le marché et dont le prix doit être régulé par des coopérations entre quelques États. « Il est probable que dans un premier temps on ne trouvera pas d'accord à 27, car on aura du mal à faire rentrer des pays qui sont dépendants du charbon ou qui sont climato-sceptiques. Probablement faudra-t-il faire de la géométrie variable. Aujourd'hui, l'Union européenne est en retard sur les Etats parce qu'elle va à la vitesse des plus lents », déplore-t-il.

« On va inévitablement aller, sur le plan mondial, vers des formes de confrontations dures entre les pays qui feront des efforts réels et les pays qui n'en feront pas » en matière de transition écologique, estime encore l'économiste.

La piste d'une taxe carbone aux frontières ?

À ce titre, Jean Pisani-Ferry juge probable l'instauration à terme d'une taxe carbone aux frontières, peut-être à l'initiative des Etats-Unis, quand ces derniers mèneront "une action climatique sérieuse".

« Je pense que l'accord de Paris a permis de créer une dynamique et il faut se féliciter du consensus même limité qu'il a permis de créer. Mais les opinions n'accepteront pas de subir une fiscalité carbone importante et que d'autres pays ne le fassent pas pour que ça privilégie leur production », insiste-t-il.