La nomination de François Brottes provoque un tollé dans l'opposition

Par latribune.fr  |   |  642  mots
François Brottes est considéré comme un des députés les plus en pointe sur les questions énergétiques.
Ce député a participé à de nombreux textes réglementaires et législatifs relatifs à l'énergie. Pour l'opposition, il y a un conflit d'intérêts "insupportable". La droite et le centre dénoncent également la manoeuvre consistant à éviter que son poste de député ne fasse pas l'objet d'une élection partielle...

Est-ce le retour de la "République des copains" ? Cette rengaine que se renvoie droite et gauche, lorsqu'ils sont tour à tour aux responsabilités... Cette fois, c'est la nomination d'un député PS qui a provoqué l'ire de l'opposition. François Brottes devrait devenir le troisième président du directoire de RTE, la société chargée du réseau électrique haute tension en France.

Un fin connaisseur des questions énergétiques

L'élu n'est pas seulement député de l'Isère, il a également été en charge des projets législatifs les plus sensibles sur les questions énergétiques. Ainsi, il a présidé la commission spéciale chargée de l'examen du projet de loi sur la transition énergétique qui a été adoptée mercredi à l'Assemblée nationale. Il avait également participé, en 2013, au projet de loi interdisant les coupures d'électricité en plein hiver. Il est enfin, chargé par le Premier ministre de rédiger un rapport sur la sécurité des approvisionnements électriques.

A l'Assemblée nationale, il est considéré comme un des plus grands spécialistes des questions énergétiques. Une véritable valeur ajoutée pour RTE qui se doterait ainsi d'une expertise tant sur l'opérationnel que sur son aspect réglementaire et institutionnel. "Insupportable" pour l'opposition qui pointe un conflit d'intérêts.

L'opposition hurle au scandale

Les premiers à avoir réagi à cette information, Les Républicains ont diffusé un communiqué fustigeant cette annonce.

"Sans hésitation aucune, François Hollande trahit une nouvelle fois l'anaphore 'Moi Président'. La République exemplaire n'est plus qu'un vague slogan de campagne devenu avec le temps bien encombrant pour le Président Hollande!", dénonce le communiqué.

Les Socialistes "passent leur temps à faire la morale aux Français, mais ne se sentent en rien concernés par les principes qu'ils brandissent à longueur de journée", enfonce le principal parti de droite.

De son côté, François Bayrou n'a pas non plus mâché ses mots.

"Cette décision est profondément malsaine. Un député, qui plus est un député président d'une Commission, un député qui a porté un très grand nombre de textes, d'amendements concernant l'électricité, concernant EDF, va se retrouver à la tête d'une filiale d'EDF pour laquelle il aura lui-même fixé les règles et naturellement avec le pouvoir et avantages qui vont avec. (...) Ceci est insupportable" a déclaré François Bayrou sur RTL.

L'autre scandale...

Il faut dire que l'opposition n'est pas seulement fâchée de ce qu'elle qualifie de conflit d'intérêts, elle est également ulcérée d'apprendre que le remplacement de François Brottes à son poste ne fera pas l'objet d'une élection partielle grâce à une astuce du code électoral. Le député sera effectivement considéré comme un "parlementaire en mission", et c'est son suppléant qui prendra automatiquement sa suite.

"Triste bilan, après 3 ans de mandat de François Hollande: un candidat socialiste ne souhaite plus affronter le suffrage universel", raillent Les Républicains. Ils exhortent François Brottes à "un peu de décence" et lui demandent de refuser "cette proposition qui n'aurait jamais dû exister," écrivent Les Républicains.

"Si la droite avait fait cela, le Parti socialiste serait monté au créneau, aurait crié à l'abus de pouvoir et au non-respect des principes", a fustigé François Bayrou.

La nomination de François Brottes doit encore être soumise à la Commission de régulation de l'énergie. Celle-ci se chargera de vérifier que les règles déontologiques ont été respectées. Cette nomination devra ensuite être adoptée lors d'un nouveau conseil de surveillance qui se réunira fin août. Une formalité pour une société possédée à 100% par EDF, lui-même possédée à 85% par l'Etat français...