La Suède a peur de manquer de gaz, elle sonne l’alerte auprès de l’Union européenne

Par latribune.fr  |   |  742  mots
« L'état de l'approvisionnement en gaz de la Suède est toujours solide » et les réserves en Suède « sont bien pourvues avant l'automne » a toutefois assuré l'agence suédoise. (Crédits : Eric Gaillard)
L'Agence suédoise de l'Énergie vient de lancer une première alerte sur ses approvisionnements en gaz, s'inquiétant de l'impact des sanctions contre la Russie. Une annonce qui intervient au lendemain d'une alerte similaire émise par le Danemark, privé de gaz russe depuis début juin. Face à la menace de pénurie de gaz, les États membres de l'UE cherchent à économiser cette ressource afin de garder leurs stocks pour l'hiver prochain. Ils sont plusieurs à se tourner pour cela vers le charbon. Du côté de la France, Engie assure ne pas rencontrer de difficultés pour alimenter ses clients.

L'agence de l'Énergie suédoise a décidé « de suivre l'exemple du Danemark ». Tout comme son voisin hier, avec qui elle a un « marché du gaz commun », la Suède a donc annoncé ce mardi 21 juin activer le premier niveau du système d'alerte mis en place depuis quelques années par l'Union Européenne, en raison de l'incertitude sur ses approvisionnements en gaz russe.

Pour rappel, ce système permet aux États en difficulté, en matière de fourniture de gaz, de bénéficier de l'assistance d'un autre État membre de l'UE. Il est divisé en trois niveaux : "pré-alerte" ("early warning"), "alerte", et "urgence". En déclenchant le niveau de pré-alerte, la Suède peut aussi commencer à rationner les approvisionnements.

« L'état de l'approvisionnement en gaz de la Suède est toujours solide », et les réserves en Suède « sont bien pourvues avant l'automne », a toutefois assuré l'agence suédoise.

Lundi, l'agence danoise pour l'énergie a elle aussi activé le passage au premier niveau d'alerte, évoquant « une situation grave » et « exacerbée par la réduction des approvisionnements » tout en précisant que les stocks en gaz du Danemark étaient pleins « à environ 75% ». Le Danemark est privé de gaz russe depuis le 1er juin dernier, la société énergétique danoise Ørsted ayant refusé de régler le paiement de ses livraisons en roubles.

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Pas de difficultés en France

Alors que l'Europe est confrontée à une crise gazière, Engie (ex-GDF) a affirmé ce jeudi 21 juin ne pas rencontrer de difficultés. Et ce alors que plus aucun mètre cube de gaz russe n'arrive dans l'Hexagone par gazoduc (les importations de gaz russe liquéfié par bateaux méthaniers se poursuivent néanmoins). « Aujourd'hui, nous n'avons pas de difficultés à alimenter nos clients », a assuré Cécile Prévieu, directrice générale adjointe d'Engie, en charge des activités solutions clients.

« Le groupe Engie a une politique de diversification sur ses approvisionnements en gaz. On a d'autres fournisseurs et on accélère sur cette diversification, notamment avec l'Algérie ou la Norvège », a-t-elle ajouté, en précisant que les stockages se remplissaient bien. « Sur la France, on est presqu'à 60% aujourd'hui ».

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Le retour en force du charbon

Le stockage du gaz est devenu une priorité en Europe, alors que le géant russe Gazprom ferme progressivement ses robinets vers les États membres. Le débit est fortement réduit vers l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie. Les pays touchés cherchent à réduire au maximum leur consommation de gaz pendant cette période estivale afin de constituer des réserves pour l'hiver prochain, période pendant laquelle l'absence de gaz russe aura le plus d'effets dommageables compte tenu des besoins en chauffage.

Nombreux sont ceux à se tourner vers le charbon. C'est le cas de l'Allemagne, comme annoncé ce dimanche 19 juin. « Pour réduire la consommation de gaz, il faut utiliser moins de gaz pour produire de l'électricité. À la place, les centrales à charbon devront être davantage utilisées », a déclaré le ministère de l'Économie dans un communiqué. « C'est amer, mais c'est indispensable pour réduire la consommation de gaz », avait réagi le ministre écologiste de l'Économie Robert Habeck.

La relance des centrales à charbon sera « une mesure à court terme », sur une période « limitée », jusqu'en 2024, a insisté le lendemain le porte-parole du ministère de l'Économie et du Climat, Stephan Gabriel Haufe, maintenant l'objectif de Berlin d'abandonner cette énergie polluante en 2030.

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Une décision également prise en Autriche, qui a annoncé le même jour le prochain redémarrage d'une centrale à charbon désaffectée, afin de pouvoir pallier une éventuelle pénurie. Quant aux Pays-Bas, privés de gaz russe depuis le 1er juin, les centrales électriques au charbon peuvent désormais « fonctionner à pleine capacité au lieu du maximum de 35 % », en vigueur depuis janvier 2022 dans le pays afin de réduire les émissions de CO2, a annoncé le ministre néerlandais de l'Environnement et de l'Energie Rob Jetten.

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(Avec AFP)