Nucléaire : les Pays-Bas vont construire deux nouvelles centrales

Par latribune.fr  |   |  1027  mots
Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas (Crédits : Eva Plevier)
Les Pays-Bas vont construire deux nouvelles centrales nucléaires dans le sud de leur territoire afin de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles, a annoncé vendredi le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. Pour le ministre français de l'économie, Bruno Le Maire, « toutes les nations en Europe reviendront un jour à l'énergie nucléaire ».

La crise énergétique et la nécessité d'accélérer la transition énergétique donnent des ailes au nucléaire en Europe. Après la décision de la Pologne de basculer dans l'énergie nucléaire, celle de l'Allemagne et de la Belgique de prolonger les réacteurs encore en activité, les Pays-Bas ont annoncé vendredi qu'ils allaient construire deux nouvelles centrales nucléaires près de la ville de Borssele dans le sud du pays, qui accueille déjà est la seule centrale nucléaire des Pays-Bas, datant de 1973. Selon le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, ces deux nouvelles centrales devraient être achevées d'ici à 2035 et fournir jusqu'à 13% des besoins en électricité du pays.

Lire aussiLa Pologne bascule dans le nucléaire et choisit l'américain Westinghouse plutôt qu'EDF pour la construction

« En ajoutant le nucléaire à notre bouquet énergétique, nous réduirons les émissions de dioxyde de carbone liées à la production d'électricité et nous nous rendrons moins dépendants des pays d'où proviennent ces combustibles fossiles », a déclaré Mark Rutte, en précisant par ailleurs que le gouvernement avait décidé de reconstituer entièrement les réserves de gaz nationales pour l'hiver prochain.

« La guerre en Ukraine et la situation actuelle sur les marchés de l'énergie pourraient durer un certain temps », a-t-il indiqué.

Pour le ministre français de l'économie, Bruno Le Maire, « toutes les nations en Europe reviendront un jour à l'énergie nucléaire », a-t-il déclaré vendredi lors de la visite de la centrale nucléaire de Penly en Normandie en compagnie du nouveau PDG d'EDF, Luc Rémont.

Lire aussiLe nucléaire, condition sine qua non à la réindustrialisation de la France (Le Maire)

En Finlande, le réacteur EPR d'Olkiluoto a été de nouveau reportée

En attendant, le nucléaire ne va pas aider la Finlande à passer l'hiver. La mise en service normal du réacteur nucléaire EPR d'Olkiluoto a été de nouveau reportée, à février cette fois, a annoncé vendredi TVO l'opérateur finlandais de la centrale, déjà confronté à 13 ans de retard sur le calendrier initial. Ceci en raison des dommages détectés en octobre dans les pompes d'alimentation en eau du réacteur.

« Il y a toujours des incertitudes sur ce calendrier », précise l'opérateur de la centrale située dans le sud-ouest de la Finlande, qui compte deux autres réacteurs déjà en activité.

L'enquête sur la cause des problèmes de pompes « se poursuit », souligne TVO. Ce nouveau retard est une mauvaise nouvelle pour le système électrique finlandais et d'Europe du Nord, qui comptait sur le plus puissant réacteur d'Europe (1.600 mégawatts) pour faire face à des risques de pénuries d'électricité pendant l'hiver.

Conséquence de la guerre en Ukraine, la Finlande doit se passer des importations d'électricité de son voisin russe et la Suède voisine connaît aussi des problèmes de disponibilité de son parc nucléaire. Le réacteur OL3 avait été mis en marche au début de l'année et était parvenu à sa pleine puissance pour la première fois le 30 septembre, dans le cadre des essais réalisés pour atteindre sa mise en service normal.

A lui seul, il fournit environ 20% de l'électricité consommée en Finlande. Si on y ajoute les deux réacteurs existants Olkiluoto 1 et 2, on arrive à 40%.

Le pipeline d'hydrogène entre l'Espagne et la France opérationnel en 2030

L'ambitieux pipeline d'hydrogène entre Barcelone et Marseille, lancé officiellement vendredi, sera opérationnel en 2030 et coûtera environ 2,5 milliards d'euros, ont annoncé les dirigeants français, espagnol et portugais, à l'origine de ce projet salué par Bruxelles. Ce projet devra être « parachevé d'ici 2030 », a déclaré le président français Emmanuel Macron à l'issue d'une réunion avec les chefs de gouvernement espagnol et portugais, Pedro Sánchez et Antonio Costa, à Alicante, dans le sud-est de l'Espagne.

Son coût devrait « avoisiner les 2,5 milliards d'euros », a indiqué, pour sa part, Pedro Sánchez, qui a précisé que ce tuyau transporterait à l'horizon 2030 quelque deux millions de tonnes d'hydrogène par an, soit 10% de la consommation européenne prévue à cette date. Ce pipeline sous-marin doit permettre d'acheminer de l'hydrogène dit « vert » depuis la péninsule ibérique, qui ambitionne de devenir un champion de cette énergie du futur, vers le nord de l'UE via la France. Côté français, on n'a toutefois pas exclu qu'il transporte aussi de l'hydrogène produit à partir du nucléaire.

Appelé « H2Med » ou « BarMar » (contraction de Barcelone et Marseille, les deux villes reliées par ce tuyau), ce projet remplace le « MidCat », lancé en 2003 pour relier les réseaux gaziers français et espagnol via les Pyrénées, mais finalement abandonné en raison de son manque d'intérêt économique, de l'opposition des écologistes et de celle de Paris. Il sera soumis dans les prochains jours à la Commission européenne afin de pouvoir bénéficier du statut de « projet d'intérêt commun » et donc être financé en partie par des fonds européens, a ajouté Emmanuel Macron.

Pensé au départ pour transporter temporairement du gaz de la péninsule ibérique vers le reste de l'UE afin de réduire la dépendance au gaz russe, le H2Med ne servira finalement qu'à acheminer de l'hydrogène, a précisé Antonio Costa. Paris, Madrid et Lisbonne espèrent une réponse de la Commission début 2023.

S'il est approuvé par Bruxelles, les financements européens pourraient atteindre environ la moitié du coût, soit 1,2 milliard d'euros, a-t-on précisé de source française, le reste étant essentiellement à la charge, selon des proportions et des mécanismes à définir, des futurs consommateurs de l'hydrogène transporté. A ce stade, trois tracés sont encore sur la table, dont celui qui semble tenir la corde sur une longueur de 455 km et une profondeur sous-marine maximale de 2.557 mètres. Des études techniques, environnementales et financières devront permettre de valider ce choix ou de se replier sur un des deux autres tracés.