Projet d'enfouissement des déchets nucléaires : une opération d'évacuation a commencé à Bure

Par latribune.fr  |   |  723  mots
Les opposants au projet Cigéo maintiennent leur position et doivent rencontrer le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu ce jeudi. (Crédits : CHARLES PLATIAU)
L'épicentre de la lutte contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) est évacué aujourd'hui. Pour les opposants au projet, le Bois Lejuc est devenu "zone à défendre" (ZAD). Ceux-ci doivent rencontrer le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu dans l'après-midi.

La gendarmerie nationale a débuté jeudi une opération "visant à mettre fin à l'occupation illégale" du Bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet Cigéo d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse), a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

"Sous l'autorité de la préfète de la Meuse, une opération menée par la gendarmerie a débuté ce matin à 6h15", déclare sur son compte Twitter le ministre. Ses services mettent ainsi à exécution une décision de justice prise en avril par le Tribunal de Grande Instance de Bar-le-Duc.

Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur sur place, "l'opération se passe bien". 500 gendarmes, dont 5 escadrons de gendarmerie mobile, sont mobilisés pour l'évacuation du site de 221 hectares à 50km au nord de Bure, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

"Il y a toujours des gens dans les arbres dans des cabanes à 20m de hauteur. Il y a eu plusieurs arrestations, au moins 1 hélicoptère survole le bois. Toutes les routes sont bloquées dans les villages alentours", a raconté à l'AFP un opposant au projet Cigéo présent sur place, ne souhaitant pas être identifié.

La préfète de la Meuse doit faire un premier point avec la presse sur place, tandis que Gérard Collomb doit s'exprimer sur le sujet en milieu de matinée en marge d'un déplacement en Seine-et-Marne.

"C'est absolument invraisemblable"

Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu, qui a prévu de se rendre à Bure jeudi, a également prévu un point presse à 14H30.

"Dans un Etat de Droit, les oppositions doivent s'exprimer de manière légale", a écrit sur Twitter le secrétaire d'Etat.

"C'est absolument invraisemblable car la visite de M. Lecornu était prévue aujourd'hui. Il devait nous rencontrer demain en tant qu'opposants. C'est la sidération", a réagi une porte-parole du collection "Bure Stop" contactée par l'AFP.

Enfouissement des déchets les plus radioactifs du parc français

L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a retenu le bois Lejuc pour l'installation des cheminées d'aération du projet Cigéo, visant à enfouir 500 m sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français.

Cigéo se prépare à accueillir 80.000 m3 de déchets: 10.000 m3 de déchets hautement radioactifs, dits de haute activité (HA) et 70.000 de déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL).

L'Andra doit, de son côté, réaliser des forages exploratoires dans la forêt afin de récolter des données en vue du dépôt de la demande d'autorisation de création (DAC) du site, prévue pour 2019. Des forages rendus pour l'heure impossibles par l'occupation du bois

L'Autorité de sûreté nucléaire a demandé une réévaluation.

Saisi en référé par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Bar-le-Duc avait rendu en avril une décision d'expulsion du Bois Lejuc.

Les opposants au projet Cigéo contestent la procédure de cession de ce terrain à l'Andra.

En janvier dernier, l'Autorité de sûreté nucléaire a demandé à l'Andra de revoir sa copie concernant les déchets bitumineux. Ces boues radioactives conditionnées dans du bitume (environ 18% de l'ensemble des déchets qui seront stockés) sont très inflammables.

Lire aussi : Déchets nucléaires: le projet de Bure est en partie à revoir selon l'ASN

Les grandes dates à venir

  • 2019 : l'Andra dépose la demande d'autorisation de création du centre de stockage. Initialement, l'Agence avait prévu de déposer cette demande en 2018.
  • 2022 : si le décret d'autorisation est publié, début des travaux de construction (au lieu de 2021 initialement prévu).
  • 2025: démarrage de l'installation par une phase pilote, avec des colis factices, pendant environ deux ans.
  • 2030-2035: arrivée des premiers déchets radioactifs, après un nécessaire feu vert du Parlement.
  • 2130-2140: le centre de stockage peut être scellé, une fois la période de réversibilité de 100 ans écoulée.

(avec AFP)