Uramin : Anne Lauvergeon conteste avoir caché les difficultés d'Areva

Par latribune.fr  |   |  510  mots
L'ex-patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, s'est défendue mercredi d'avoir dissimulé les difficultés financières du groupe nucléaire français pour conserver sa place, dans une interview donnée à France Télévision.

"Je n'ai jamais dissimulé aucune perte", a affirmé Mme Lauvergeon dans l'émission "Pièces à conviction" diffusée mercredi soir sur France 3.

Elle a qualifié d'"absurde" l'idée selon laquelle elle aurait agi pour conserver son siège.

"Si j'avais voulu garder ma place à la tête d'Areva, certainement aurais-je agi un tout petit peu différemment par rapport à certaines demandes qui m'étaient faites par le pouvoir politique", a-t-elle assuré, évoquant la volonté de vendre des centrales nucléaires à la Libye de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi ou de céder l'activité mines du groupe à des intérêts qataris.

>> (RE)VOIR l'émission "Pièces à conviction" : Uramin-Areva, la suite...

LE PITCH DE L'EMISSION : Areva, le champion français du nucléaire, a perdu des milliards. Aujourd'hui, l'entreprise est découpée en morceaux, et l'Etat devra mettre la main à la poche. Anne Lauvergeon, l'ancienne dirigeante de l'entreprise publique, a été mise en examen en mai dernier, et deux enquêtes judiciaires sont en cours. Cette affaire d'Etat a tous les ingrédients d'un polar : manoeuvres de déstabilisation, manipulations et enquêtes menées par des détectives privés.

Depuis trois ans, «Pièces à conviction» enquête sur ce dossier, qui prend désormais une nouvelle ampleur. L'émission révèle les enjeux politiques, les jeux de pouvoir jusqu'au plus haut sommet de l'Etat, ainsi que les alliances secrètes entre les différents protagonistes. Le naufrage est-il le résultat de mauvais choix stratégiques ou le fruit d'une opération qui visait à tuer le géant Areva ?

 "Une expérience assez traumatisante"

Anne Lauvergeon a été mise en examen en mai pour "présentation et publication de comptes inexacts" et "diffusion de fausses informations" dans le cadre d'une information judiciaire portant sur les provisions inscrites par Areva en 2010 et 2011 pour couvrir les pertes découlant du rachat d'Uramin en 2007 pour 1,8 milliard d'euros.

"C'est une expérience assez traumatisante", a dit Mme Lauvergeon à propos de sa mise en examen.

L'exploitation des gisements d'uranium de cette société canadienne en Namibie, en Afrique du Sud et en Centrafrique, s'est avérée beaucoup plus difficile que prévu et l'opération s'est transformée en gouffre financier. Plusieurs courriels internes montrent qu'elle avait été alertée par la division des mines dès 2008 sur les difficultés d'exploitation des sites.

"La thèse selon laquelle les demandes faites par la Business Unit (division, NDLR) Mines étaient valides, ça j'ai un gros doute, parce qu'elles ne sont pas étayées, elles ne sont pas cohérentes les unes avec les autres dans le temps", a expliqué Mme Lauvergeon.

Les dépréciations supplémentaires demandées par ses collaborateurs "ont varié de 0 fin 2009 à 1,5 milliard six mois plus tard", a-t-elle précisé.

Entre les pertes liées à Uramin, la catastrophe de Fukushima et les retards dans la construction d'un EPR en Finlande, Areva a accusé cinq années de suite dans le rouge et est aujourd'hui en pleine restructuration.

(Avec AFP et France Télévision)