Papouasie : des travailleurs chinois "vaccinés" suscitent des interrogations

Par AFP  |   |  490  mots
Port Moresby, capitale de Papouasie-Nouvelle-Guinée. (Crédits : MSchlauch)
Le groupe chinois MCC a prévenu qu'il avait administré un vaccin test à une quarantaine de ses employés travaillant dans une mine de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), suscitant l'inquiétude des autorités de l'archipel.

Pékin fait face à des demandes d'explications, jeudi 20 août, des autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), après les affirmations d'une entreprise chinoise selon laquelle des dizaines d'employés ont été vaccinés avant de retourner travailler dans une mine papouasienne.

Une filiale de l'entreprise métallurgique China Metallurgical Group Corporation (MCC), qui contrôle une importante mine de nickel dans cet archipel du Pacifique, a prévenu les autorités locales que 48 de ses employés de retour de Chine pouvaient s'avérer positifs à un test au coronavirus parce qu'un vaccin leur avait été inoculé.

Les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont demandé en réponse une « clarification immédiate » de la part de Pékin et ont bloqué un avion effectuant un vol charter avec des travailleurs chinois à son bord qui devait atterrir dans la capitale Port Moresby jeudi.

La Chine avait précédemment indiqué qu'elle administrerait un vaccin test à ses troupes et aux employés d'entreprises nationales, sans cependant indiquer si ces tests seraient opérés sur des employés destinés à l'expatriation.

Lire aussi : Coronavirus : feu vert en Chine aux essais cliniques de deux nouveaux vaccins

Procédure illégale

« J'ai écrit au gouvernement chinois à travers l'ambassadeur chinois pour qu'il explique comment 48 de ces employés d'une entreprise nationale ont été vaccinés », a déclaré à l'AFP l'un des responsables de la lutte contre le coronavirus en Papouasie-Nouvelle-Guinée, David Manning.

L'inquiétude grandit sur la possibilité que Ramu NiCo, la filiale de MCC en question, ait contourné les procédures de quarantaine à l'arrivée dans le pays, que les tests de vaccination aient été administrés illégalement dans le pays, ou qu'ils aient été inoculés à des citoyens papouasiens.

Chaque personne entrant en Papouasie-Nouvelle-Guinée doit effectuer un test au coronavirus avant d'embarquer et doit se soumettre à une quarantaine à son arrivée.

« Nous n'avons aucun commentaire à faire pour le moment », a déclaré à l'AFP Xue Bing, l'ambassadeur de Chine en Papouasie-Nouvelle-Guinée. « Cependant, une chose est sûre, nous n'effectuons aucun test (sur le coronavirus) ici en PNG », a-t-il ajouté.

359 contaminations au total

La Papouasie-Nouvelle-Guinée est l'un des pays les plus pauvres du Pacifique et possédait déjà avant la pandémie l'un des secteurs de santé les plus démunis. L'archipel, qui n'effectue que peu de dépistages, avait réussi à contenir la propagation du coronavirus jusque ces dernières semaines. Jeudi 20 août, 12 nouveaux cas ont porté son total officiel à 359, dont 3 décès. Des foyers de Covid-19 ont récemment obligé à fermer des mines importantes, dont l'immense mine de cuivre et d'or d'Ok Tedi.

Ramu NiCo avait déjà été au cœur d'une controverse dans le pays fin 2019. L'entreprise chinoise avait dû fermer ses portes après avoir déversé des boues minières dans la mer de Bismarck, colorant les côtes d'un rouge ocre.

Lire aussi : Vaccins anti-Covid: les 5 questions qui se posent