La course à la modernisation des usines est lancée à travers le monde

Par Fabien Piliu  |   |  542  mots
Avec son programme Industrie du futur, la France ne se démarque pas de ses concurrents. La modernisation à marche forcée des industries est à l'oeuvre. Dans une note, la Fabrique de l'industrie revient sur ces exemples étrangers.

Le concept d'Industrie 4.0, développé en Allemagne au milieu des années 2000 avant de prendre véritablement son envol en 2011, puis de se diffuser à travers le monde avec de nombreuses variantes, est observé de très près.

Concrètement, outre-Rhin, cette modernisation, que portent les instituts Fraunhofers - où sont réunis les acteurs de la recherche privée et publique dans le domaine industriel -, consiste surtout à organiser et à financer la recherche dans les domaines de la robotique industrielle, de l'automatisation, de la mise en réseau pour garantir l'avance de l'Allemagne dans ces technologies. Une dizaine de secteurs clés est ciblée.

« On remarque, dans le choix des thématiques, que l'Allemagne joue sur ses atouts, à savoir les machines. La deuxième étape du programme consiste à promouvoir ces technologies auprès de l'ensemble du tissu industriel allemand. Un soutien à la création de démonstrateurs vise ainsi à sensibiliser les entreprises », explique cette note.

En clair, l'Allemagne joue l'offre afin de conserver son avance sur les équipements intermédiaires face au Japon et à la Chine, souligne Louis Gallois.

Au Royaume-Uni, les actions visant à soutenir l'industrie du futur sont regroupées au sein de l'Industrial strategy, c'est-à-dire l'outil politique en faveur de l'innovation et du développement industriels, créé en 2013. Son action se concentre principalement autour du plan « Catapult », qui vise à mettre en réseau des centres de recherche déjà existants afin de faire bénéficier les entreprises industrielles de la recherche de pointe britannique. Les technologies retenues ne se limitent pas à l'automatisation, la « production flexible » ou les systèmes numériques appliqués à l'industrie, mais portent aussi sur les nouveaux matériaux, le traitement de surface, etc.

Et dans le reste du monde...

Aux États-Unis, le tocsin a sonné en 2011 avec la création de l'« Advanced manufacturing partnership », puis du National network for manufacturing innovation (NNMI), en 2013. Doté d'un budget de un milliard de dollars sur huit ans, il ambitionne la création de quinze Institutes for manufacturing innovation. Il vise un objectif de 45 d'ici à 2025. Imitant le modèle des instituts Fraunhofer, ils rassemblent des chercheurs, conseillers du gouvernement et industriels. Chaque institut développe une spécialité technologique tout en se coordonnant de manière à offrir des compétences larges aux entreprises.

En Corée du Sud, l'industrie du futur est devenue réalité en 2014 avec la mise en place de la Manufacturing Industry Innovation 3.0 Strategy. Comme l'Allemagne, la Corée du Sud soutient massivement la recherche centrée sur dix technologies, notamment le numérique et en particulier le big data et l'Internet des objets. Atout du Pays du matin calme : il dispose de l'industrie la plus robotisée au monde (437 robots pour 10.000 employés en 2013), loin devant le Japon (323), l'Allemagne (282) et la France (125).

La Chine n'est pas en reste. En juin 2015 le plan Made in China 2025 a été lancé.

Ses priorités ? Moderniser une industrie de main-d'oeuvre encore peu robotisée, pour améliorer la compétitivité sur des activités plus haut de gamme, contourner le problème de la hausse des salaires des ouvriers chinois, et répondre au futur déficit de main-d'oeuvre lié à une démographie déclinante ainsi qu'aux aspirations nouvelles de la jeune génération.