Le Maire exhorte la Commission européenne à entériner la fusion Alstom/Siemens

Par latribune.fr  |   |  437  mots
(Crédits : Vincent Kessler)
Refuser la fusion entre les groupes industriels français Alstom et allemand Siemens serait une "erreur économique" et une "faute politique" de la part de la Commission européenne, a estimé dimanche le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Le projet de mariage pourrait se heurter au veto de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne.

La Commission européenne commettrait une "erreur économique" et une "faute politique" si elle empêchait le rapprochement entre Siemens et Alstom sur les trains à grande vitesse en Europe, a déclaré dimanche le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire. La Commission, qui doit rendre un avis sur ce projet de fusion au plus tard le 18 février, craint que ce mariage, annoncé en septembre 2017, ne réduise la concurrence pour la fourniture de plusieurs types de trains et de systèmes de signalisation.

« Si jamais la Commission européenne devait donner une décision défavorable à cette fusion, elle le ferait pour de mauvaises raisons », a ainsi dit Bruno Le Maire au Grand Rendez-vous d'Europe 1, CNews et les Echos. « Ce ne serait pas simplement une erreur économique, ce serait une faute politique parce que ça affaiblirait toute l'industrie européenne face à la Chine. Ça enverrait le signal, face à une Chine conquérante qui a des moyens qui sont aujourd'hui considérables (...), que l'Europe se divise et se désarme ».

La fusion entre Alstom et Siemens ferait naître un nouveau géant européen du rail, présent dans 60 pays avec un chiffre d'affaires annuel de 15,6 milliards d'euros.

"Le droit de la concurrence européen est obsolète"

Bruno Le Maire souhaite que cette fusion aille jusqu'au bout pour permettre à la nouvelle entité de faire au Canadien Bombardier et surtout au géant Chinois CRRC qui, précise-t-il, a remporté dernièrement presque tous les appels d'offres aux Etats-Unis.

« CRRC fait 230 trains à grande ou très grande vitesse par an, Alstom et Siemens, 35. Le chiffre d'affaires d'Alstom et de Siemens ensemble, c'est la moitié du chiffre d'affaires de CRRC (...) Qu'est-ce qu'on attend pour se réveiller ? », a-t-il ajouté.

« Le droit de la concurrence européen est obsolète, c'est un droit de la concurrence qui a été créé au XXe siècle, qui fait face à l'émergence de géants industriels du XXIe siècle et qui ne permet pas à l'Europe de créer ses propres champions industriels ».

Les deux géants du rail européen ont adressé le 12 décembre dernier à la Commission une liste de concessions, de « remèdes » aux nombreux « griefs » signifiés par la direction générale de la concurrence, principalement des cessions dans les activités de signalisation et les produits de matériels roulants, représentant « environ 4% du chiffre d'affaires de l'entité combinée. » Mais, « il n'y a pas de certitude que leur contenu soit suffisant pour répondre aux préoccupations de la Commission » avaient alors précisé Alstom et Siemens.

(avec AFP et Reuters)