Japon : plus de congés pour lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre

Par latribune.fr  |   |  496  mots
Selon le ministère du Travail, tous secteurs confondus, il y avait en juin (derniers chiffres disponibles) quelque 119 offres d'emploi pour 100 demandes, un ratio inédit depuis plus de deux décennies.
L'entreprise japonaise Uniqlo va proposer à ses salariés de travailler 4 jours au lieu de 5 par semaine. Elle espère attirer des salariés, alors que les commerces nippons subissent une pénurie de main-d’œuvre. Ces mesures d'aménagement du temps de travail qui fleurissent dans nombre d'entreprises nippones pourraient aussi améliorer le classement du pays en termes de productivité.

Le monde du travail nippon est en pleine mutation. La chaîne nippone d'habillement Uniqlo va proposer à une partie de ses salariés au Japon de ne travailler que quatre jours par semaine pour pouvoir notamment consacrer les trois autres à leurs jeunes enfants ou à leurs parents âgés par exemple, a indiqué jeudi 20 août un porte-parole du groupe."Il s'agit de cette façon d'attirer du personnel et de le conserver", a-t-il expliqué à l'AFP.

Uniqlo, chapeauté par le groupe Fast Retailing, proposera ce dispositif à quelque 10.000 salariés de ses plus de 840 magasins japonais. Il pourrait l'étendre par la suite.

Le système 4 jours de travail et 3 jours de repos, qui devrait être proposé à partir d'octobre, ne s'accompagnerait pas d'une réduction de salaire. Mais en échange,  les salariés devront allonger leur durée de travail à 10 heures contre 8 heures actuellement. En outre, les jours de congés seraient essentiellement pris en semaine pour garantir suffisamment de personnel dans les boutiques les samedis et dimanches, le week-end étant période d'affluence.

Le marché de l'emploi en surchauffe

Cette décision d'Uniqlo s'inscrit dans un contexte particulier. Le secteur du commerce au Japon rencontre de grosses difficultés pour trouver de la main-d'œuvre, tant la demande est importante. Ainsi, de très nombreuses boutiques affichent en vitrine des annonces de recrutement.

Et le taux de chômage oscille ces derniers mois autour de 3,4% (chiffre de juin). Selon le ministère du Travail, tous secteurs confondus, il y avait en juin (derniers chiffres disponibles) quelque 119 offres d'emploi pour 100 demandes, un ratio inédit depuis plus de deux décennies.

Pour expliquer cette situation, il faut savoir que beaucoup de femmes, notamment, hésitent à postuler pour un poste à temps plein, voire à conserver leur emploi à cause des charges familiales qui leur incombent, qu'il s'agisse de s'occuper des enfants ou de veiller sur un ou des parents âgés.

Télétravail, surveillance des excès horaires...

La pénurie de main-d'œuvre se conjugue aux revendications croissantes d'un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée pour conduire donc à une diversification plus importante des modes de travail.

Ainsi, des sociétés japonaises ont déjà procédé à des réaménagements pour améliorer la vie professionnelle de leurs salariés, comme le note le Nikkei, journal économique japonais. Par exemple, Denso, société spécialisée dans les équipement industriels, a interdit à ses employés de finir trop tard le soir. Également, l'entreprise de ressources humaines Recruit Holdings va autoriser ses employés à télétravailler un nombre de jours illimité en octobre. Enfin, la société de télécom KDDI encourage ses employés à revenir au bureau le lendemain au moins onze heures après l'avoir quitté le soir.

Selon le Nikkei, ces mesures pourraient améliorer la productivité du Japon. Dans ce domaine, le pays se classe 20e parmi les membres de  l'OCDE et dernier parmi les pays du G7.