Comment le patient 2.0 devient acteur de sa santé

Par Florence Pinaud  |   |  583  mots
« Les médecins ne sont pas toujours disponibles et les infos trouvées sur Internet pas toujours très fiables », estime François Lescure, président du site Médecin Direct. /DR (Crédits : DR)
Les technologies dans la santé sont en passe de bouleverser le rapport entre médecins et patients. En quelques clics, ces derniers peuvent surveiller leur état de santé, comprendre les symptômes, les risques de leur maladie et s’inscrire sur des réseaux sociaux dédiés.

Face à leur médecin, ils en savent parfois autant que lui et ne s'en laissent plus conter. La médecine numérique est plébiscitée par les Français.

Mesurer ses efforts physiques

Le succès des sites d'information médicale l'a bien montré tandis que, depuis deux ans, le phénomène du "quantified self" (enregistrement de données sur soi-même) explose, avec des équipements qui permettent de mesurer ses efforts physiques, son rythme cardiaque, sa tension, etc., via des accessoires connectés. Les données sont ensuite gérées par des applications mobiles. Ainsi est née la m-santé, qui permet de suivre ses principaux paramètres et d'être alerté en cas de problème.

Mobile Health (1 million d'euros de CA en 2013), basée à Levallois-Perret, est l'un des premiers français sur le secteur. La PME a développé des applications gratuites de suivi de la migraine ou de l'incontinence urinaire avec des pharmacies et des industriels de la parapharmacie. « Ce type d'outil permet au médecin de discuter avec son patient autour de données précises stockées sur un support facile à transporter, explique son président, Gilles Sonou.

Internet est aussi un gros vecteur de développement pour l'e-santé

Sur certains sites, on peut désormais joindre un médecin à la demande. Wengo met ainsi l'internaute en relation téléphonique avec un généraliste ou un spécialiste. La conversation coûte deux euros la minute et n'est pas remboursée par la Sécu. Pour un astrologue, le prix atteint 4 euros la minute… ce qui a le don d'énerver les autorités médicales.

De son côté, le site Médecin Direct ne facture pas les appels. Créé en 2010, il fonctionne avec des médecins libéraux auxquels il « achète » du temps et se finance par des abonnements de complémentaires santé et de maisons de retraites. François Lescure, son président estime que

« Les médecins ne sont pas toujours disponibles et les infos trouvées sur Internet pas toujours très fiables »

Internet permet aussi de créer des réseaux autour de maladies pour informer, accompagner voire éduquer les patients avec des jeux interactifs. C'est le cas de la start-up Be Patient, qui réalise des plates-formes communautaires.

De son côté, Frédéric Durand-Salmon, le PDG de Be Patient, pointe:

« Ces réseaux se développent dans d'autres pays. Il est possible de former des patients devenant experts de leur maladie et animant une partie du réseau. Le modèle économique se baserait sur un abonnement. »

Un réseau social de diabétiques

Santech a créé une forme de réseau social autour du diabète. Christophe Lorieux, son dirigeant, précise:

« Il propose aux patients d'échanger entre eux, des outils de e-learning et des jeux pour améliorer leur hygiène de vie, précise  Leur installation est dotée d'un capteur de glycémie pour réaliser leurs analyses à la maison. »

Élaboré pour un laboratoire, il ne sera pas déployé en France où le contact direct labo-patient est interdit. Quant aux « serious games » (jeux sérieux) Tekneo a développé un jeu pour se rééduquer tout en s'amusant suite à un AVC ou lors d'une affection dégénérative comme la maladie d'Alzheimer. Un programme annoncé sur le marché pour la fin 2014.

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