LVMH dévoile enfin son projet pour la Samaritaine

Par Sophie Lécluse  |   |  595  mots
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Après maintes péripéties depuis son rachat de la Samaritaine en 2001, le groupe de luxe LVMH entre dans la dernière ligne droite de son projet de rénovation, qu'il présentera dès cette semaine aux Parisiens via un espace ouvert à tous rue de Rivoli.

L'opération séduction continue pour LVMH. Après les politiques, le grand public aura droit dès cette semaine à une présentation détaillée de son projet pour la Samaritaine dans un espace baptisé "La maison du projet", situé au 83 rue de Rivoli. Les quatre bâtiments de l'ancien grand magasin, acheté en 2001 par LVMH puis fermé en 2005 pour un coût total de fermeture de 160 millions d'euros, vont renaître de leurs cendres. Après enquête publique, les permis de construire devraient arriver début 2012 et les travaux s'achever mi-2014.

Pour l'inauguration de cet espace didactique, avec maquettes et vidéo, le président du projet et accessoirement directeur financier de LVMH, Jean-Jacques Guioni, s'est entouré ce mercredi matin de politiques de tous bords, dont Anne Hidalgo, première adjointe du maire de Paris, et Jean-François Legaret, maire UMP du 1er arrondissement.

2.400 emplois seront créés

Oublié les longues querelles autour du projet, l'opposition pendant des années avec la fondation Cognacq-Jay, pas d'accord sur le coût des travaux et la valorisation de l'entreprise, qui a fini par revendre sa part au leader mondial du luxe en novembre dernier. Balayées les associations de riverains, effrayées par la hauteur supposée des nouveaux bâtiments. L'heure était à l'unité autour d'un projet de multi-activités. Anne Hidalgo s'est félicité des 2400 emplois bientôt créés (750 emplois avaient été supprimés à la fermeture), ainsi que du respect des bâtiments grâce à la réhabilitation de 80% de l'existant. Elle a aussi salué les logements sociaux et la crèche de 60 berceaux, qui ne représentent pourtant que 10% des 70.000 mètres carrés de projet.

Le p.-d.g. de LVMH, Bernard Arnault, peut de son côté se frotter les mains. Certes son groupe financera les 450 millions d'euros du projet sur ses propres deniers. Mais il s'offre un hôtel de prestige de 80 chambres avec vue sur le Pont Neuf, dans le bâtiment le plus emblématique de l'ensemble, côté Seine. Comme son 5 étoiles à Courchevel ou ses villas de luxe en cours de construction à Oman ou Assouan, il portera la marque Cheval Blanc et sera géré par la filiale du groupe à 100%, LVMH Hotel Management.

Un magasin Vuitton y sera implanté

Ses marques devraient aussi trouver un coin où se nicher dans le nouveau "grand magasin du XXI eme siècle" qui occupera quatre étages du bâtiment "verrière" ou parmi les boutiques à louer donnant sur Rivoli. Un magasin Louis Vuitton devrait par exemple voir le jour à proximité de l'hôtel et de son siège social, de l'autre côté de la rue. Une partie des bureaux serait également réservée pour le groupe. "Nous n'aurons pas de mal à louer rapidement les espaces mais nous n'attendons pas de vrai retour sur investissement avant cinq ans", confie Jean-Jacques Guioni à La Tribune.

La nouvelle architecture, confiée au cabinet japonais Sanaa, ne manquera pas de panache. La façade du bâtiment donnant sur Rivoli sera entièrement recouverte d'un verre transparent et ondulant. Chacun des trois bâtiments menant à l'hôtel seront percés d'un patio pour créer une cohérence avec la verrière d'origine de l'un d'eux, qui sera, elle aussi, totalement rénovée comme celles du Grand Palais. Même la terrasse historique, située dans l'hôtel de luxe, qui accueillait touristes et amoureux parisien avant la fermeture, sera laissée accessible au public moyennant une pré-inscription par Internet. Une telle vitrine de pouvoir valait bien quelques concessions.