Coffrets-cadeaux : Smartbox réclame une réglementation

Par Hayat Gazzane  |   |  869  mots
Après la cessation de paiement de MagicDay, dévoilée par notre site, son concurrent Smart Box souhaite qu'une règle soit mise en place pour responsabiliser les entreprises et protéger le client. Pour l'heure, aucune solution n'existe pour les consommateurs lésés par la faillite de la société vendeuse de coffrets cadeaux.

"Ce n?est pas une première". Axel Bernia, directeur général de Smartbox, est lassé. Cela fait dix-huit mois qu?il tente d?attirer l?attention du gouvernement sur la nécessité de mettre en place une réglementation pour protéger les clients de la faillite des petites sociétés vendeuses de coffrets cadeaux. La cessation de paiement de MagicDay est une occasion en or pour dénoncer le vide auquel font face les consommateurs.

Aujourd?hui, les clients qui achètent des coffrets cadeaux auprès de la cinquantaine de sociétés existantes sur le marché font souvent un énorme pari. Car si  l'entreprise est amenée à faire faillite, aucun moyen n?existe pour récupérer l?argent. C?est cette situation, et la mauvaise gestion financière des petites structures, qu?Axel Bernia souhaite modifier. "Aujourd?hui, il n?existe aucune contrainte pour ces entreprises. Si on ne les force pas à réglementer leur capitalisation et leur gestion, elles ne le feront pas".

La première idée proposée par Smartbox est d?imposer une règle de gestion des dépenses. "Par exemple, quand une société vend un coffret à 100 euros, elle en garde 40 ou 50. Le reste va dans une caisse pour rembourser en cas de problème. C?est une chose que nous faisons déjà avec certains de nos partenaires. C?est une garantie pour le prestataire et pour le client", explique Axel Bernia. Autre solution:  placer une partie des fonds propres dont le montant est calculé par rapport aux frais généraux. "Ainsi, l?entreprise à de quoi faire face en cas de baisse de son activité".

Ces idées, Axel Bernia les a déjà proposées à Luc Chatel, lorsque ce dernier était secrétaire d'Etat auprès de la ministre de l'Economie, en charge de la consommation et du tourisme. L?idée avait plu mais sans susciter aucune action. Aujourd?hui, le patron de Smartbox souhaite utiliser le cas MagicDay pour relancer les discussions auprès d?Hervé Novelli, le nouveau secrétaire d'Etat au du tourisme. Le choix de l'interlocuteur ne doit rien au hasard car depuis juin dernier, les émetteurs de chèques cadeaux entrent dans le régime des agences de voyage.

Smartbox, numéro un mondial sur son marché après seulement six ans d?existence, prend son rôle de leader très à coeur et veut profiter de sa position pour être le chef de file dans ce combat. Cette société, qui connaît une croissance de 60%, est présente dans 5.000 magasins et agences de voyages. Son volume d'affaires a été de 242 millions d?euros en 2008, les 300 millions devant être dépassé à la fin de l?exercice 2009. Un succès qui s?explique par une gestion stricte, en partie imposée par la présence au capital d?acteurs de poids, comme un fonds d?investissement de la Banque Populaire. Pour Axel Bernia, son poids lui donne plus de légitimité que ses concurrents dans les discussions. "J?espère être entendu. Car je ne veux pas que ce genre d?histoire rejaillisse sur nous et mette en place un climat de défiance chez le consommateur".

"Sans trop d?espoir"

A lire les commentaires des internautes sur l?affaire MagicDay, le mal est déjà fait. Entre deux appels au boycott, les clients expriment leur colère devant le manque d?information sur les recours possibles en cas de faillite. Malheureusement, d?après maître Gilbert Fouché, avocat spécialisé en droit des affaires, ce genre de cas est quasi désespéré. "Aucune action individuelle n?est possible quand une société dépose le bilan", explique-t-il. Si MagicDay en arrive à cette situation, les clients lésés doivent agir vite pour introduire une procédure de recouvrement de créance auprès de l?administrateur judiciaire qui aura été désigné par le tribunal.

"C?est une procédure longue et sans trop d?espoir. L?administrateur doit faire l?état de ce qu?il reste de l?entreprise et qui peut être redistribué. Les premiers bénéficiaires seront les salariés, la justice pour couvrir les frais, la sécurité sociale et le Trésor public. Il est rare qu?il reste quelque chose pour les clients". La seule option envisageable est alors d?engager la responsabilité personnelle du gérant pour fautes graves de gestion. Dans ce cas, une association de victime peut être créée. "Qu?ils se réunissent. Et qu?ils prennent un bon avocat". Mais pour Gilbert Fouché, "cela s?annonce très compliqué".

Si aucune réglementation n?est mise en place, ce genre de cas risque de se multiplier. Le marché des coffrets cadeaux est très attractif et se lancer dans l'aventure est assez simple. Mais la concurrence devient rude sur un marché qui atteint la maturité. Maintenir une société en vie suppose des achats de mots clés sur Internet, d?énormes dépenses de communication sans garantie de rentabilité. Une addition qui se solde souvent par un échec pour l?entreprise. Et par des cadeaux empoisonnés pour les clients.