Coffrets-cadeaux : quand les clients se retrouvent piégés

Par Hayat Gazzane et Alexia Mayer  |   |  601  mots
Depuis janvier, plusieurs sociétés vendant ce type de produits sur Internet ont cessé leur activité, laissant parfois clients et hôteliers sans recours.

Les coffrets-cadeaux, pratiques pour offrir une nuit d?hôtel, un repas, une activité sportive etc., connaissent un vif succès depuis quelques années. Mais le rêve vire parfois au cauchemar. C?est ?ce qu?ont découvert les acheteurs de coffrets rouges MagicDay. Comme l?a révélé Latribune.fr début août, la société est en graves difficultés financières. Tout comme Stellaris, « créateur de rêve », dont le site a « temporairement suspendu » les commandes. Ou Vertigobox qui a carrément disparu. Résultat?: les prestataires impayés se voient contraints de refuser des clients. Lesquels se retrouvent avec des cadeaux inutilisables, et aucun moyen de se faire rembourser.

« Aucune action individuelle n?est possible quand la société dépose le bilan », note maître Gilbert Fouché, avocat spécialisé en droit des affaires. Le recouvrement de créance auprès de l?administrateur judiciaire désigné par le tribunal?? « C?est une procédure longue et sans trop d?espoirs, estime l?avocat. L?administrateur doit faire état de ce qu?il reste de l?entreprise et de ce qui peut-être redistribué. Les premiers bénéficiaires seront les salariés, la justice ? pour couvrir les frais ? la Sécurité sociale et le Trésor public. Il est rare qu?il reste quelque chose pour les clients. » Quant à créer une association de victimes pour obtenir que soit engagée la responsabilité personnelle du dirigeant pour fautes graves de gestion, c?est une initiative « compliquée », estime Gilbert Fouché. Certains clients lésés l?ont néanmoins choisie, comme Karine Gaufreteau, acheteuse de deux coffrets MagicDay en mars, qui a lancé le blog « arnaquemagicday ».
climat de défiance
Ce genre d?affaire risque de se multiplier, craint le leader du marché, Smartbox. Son directeur général, Axel Bernia, rappelle que ce type de défaillance n?est pas une première sur un marché où « aucune réglementation ne régit l?activité des émetteurs » et où des sociétés peuvent donc se lancer « sans contraintes garantissant leur solidité financière ». Il tente d?attirer l?attention du gouvernement depuis dix-huit mois sur la nécessité d?encadrer la gestion financière des émetteurs de coffrets pour protéger les clients en cas de faillite. Après avoir alerté Luc Chatel, alors secrétaire d?État en charge de la Consommation et du Tourisme, il se tourne aujourd?hui vers Hervé Novelli, son successeur au Tourisme. Smartbox propose aussi de placer une partie de la trésorerie sur des comptes séquestrés, afin de dédommager le consommateur en cas de faillite
 

Le combat de Smartbox n?a rien de désintéressé. L?entreprise, qui a vendu 1,6 million de coffrets en 2008 et réalisé 154 millions d?euros de chiffre d?affaires, ne veut pas « que ce genre d?histoire crée un climat de défiance chez le consommateur ». Jacques-Christophe Blouzard, fondateur et PDG de Wonderbox, numéro deux du marché, s?étonne, lui, de cette demande de Smartbox. Selon lui, cette réglementation existe déjà?: « La loi a été votée et le décret d?application est en cours. » Pour le PDG de Wonderbox, c?est la prudence qui doit être la règle. « Chaque client, prestataire ou distributeur, doit s?assurer du sérieux et de la solidité de l?entreprise. » Et de conseiller de « vérifier que les call-centers et les adresses de facturation soient en France » afin de ne pas échapper à la législation en cas de litige.