Rien ne sert d'attendre pour devenir un palace

Par Héléna Dupuy  |   |  620  mots
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La chaîne Mandarin Oriental ouvrira son adresse parisienne mi-2011. L'hôtel de luxe devra attendre trente mois avant de pouvoir prétendre à la distinction de palace. Une précaution inutile, selon Philippe Leboeuf, directeur du futur hôtel.

La France a décidé de créer une nouvelle exception. Cette dernière concerne son classement hôtelier qui, sur la plus haute marche du podium, disposera d?une catégorie "palace". Cette distinction a été créée dans le prolongement de la refonte du classement hôtelier national sous l?égide d?Hervé Novelli, juste avant qu?il quitte ses fonctions de ministre du tourisme à l?occasion du dernier remaniment.

 

Cette décision arrivait à point nommer puisque en l?espace d?un an, trois hôtels de grand luxe, classés 5 étoiles, vont ouvrir leurs portes à Paris. Et au total cinq projets haut de gamme sont programmés dans la capitale. Le premier d?entre eux a été le Royal Monceau, dont la gestion a été confiée au groupe singapourien Raffles, qui a été inauguré en octobre dernier. Il sera suivi en fin d?année par le Shangri-La qui s?installera avenue d?Iena, et le Mandarin Oriental mi-2011, rue du Faubourg Saint-Honoré.

 

Alors que Paris va bénéficier d?un véritable coup de projecteur grâce à ses événements, la réglementation ne permettra pas à ces derniers venus de se présenter comme étant des palaces. En effet, la nouvelle réglementation prévoit un délai minimum de vingt-quatre mois d?exploitation dans le cadre d?une rénovation totale, comme c?est le cas pour le Royal Monceau, ou de trente mois dans le cadre d?une création, ce qui concerne Le Shangri-La et le Mandarin Oriental.

 

Philippe Leboeuf, directeur général du Mandarin Oriental Paris, qui sera inauguré l?année prochaine, juge cette décision injuste. "Ce n?est pas acceptable d?un point de vu opérationnel et également économique", souligne le responsable. Les autorités ont instauré cette période d?observation souhaitent notamment pour que le service, qui est ce qui distingue en grande partie un hôtel 5 étoiles d?un palace, soit rodé. "C?est une aberration. Pour la prochaine ouverture du Mandarin Oriental de Paris, nous doublons le temps de formation des équipes. Il sera porté de deux à quatre mois. Nous recrutons du personnel qualifié ayant déjà l?expérience des palaces. La plupart d?entre eux ont déjà travaillé, ou travaillent, dans les autres palaces parisiens. De plus, Mandarin étant un groupe, une équipe de seize personnes venue des vingt-six palaces de Mandarin Oriental dans le monde, participeront à cette formation", souligne Philippe Leboeuf.

 

Dans ces conditions, le responsable du futur hôtel de luxe ne voit pas de raison de "déclasser" son personnel en n?obtenant pas dés l?ouverture le classement en palace. Surtout que "le Mandarin Oriental, comme ses nouveaux concurrents, affiche un niveau de confort qui dépassent largement les critères exigés pour l?obtention de la cinquième étoile. Par exemple, alors que la norme exige des chambres de plus de 26 mètres carrés, le futur Mandarin proposera des chambres de 42 mètres carrés minimum". A ses yeux, les critères sont plus tournés vers le passé que vers l?avenir, et il le regrette.

 

Cette exigence, qui abouti à décaler dans le temps le classement en palace est également un camouflet par rapport aux investisseurs qui supportent les coûts de ces ouvertures de prestige. Les trois palaces, ouvert ou à venir entre 2010 et 2011, mobilisent plus de 1,5 milliard d?euros au total. Chacun d?entre eux emplois plus de 400 personnes, c'est-à-dire plus de deux personnes par chambre, ce qui constitue la norme dans les palaces. Enfin, estime Philippe Leboeuf, si l?on compte les emplois indirects, chaque "palace" génère entre 900 et 1.000 emplois directs et indirects.