L'hôtellerie française craint de boire la tasse cet été

Par Paul Laubacher  |   |  403  mots
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Près de 75 % des hôteliers français constatent un net retard dans les réservations estivales. Pour une majorité d'entre eux, l'état du marché est préoccupant. En cause, la crise économique qui perturbe le budget des ménages pour les vacances.

Les vacances d'été ne vont pas remonter le moral des hôteliers français. Selon un sondage MKG Hospitality, près de 75 % des 370 établissements français interrogés font état d'un grand retard dans les réservations pour les grandes vacances. Pour les professionnels, la crise économique a eu un effet sensible sur le budget vacances des français. Inquiets, les vacanciers se décident de plus en plus tard sur leurs choix de destination. D'où une augmentation sensible des réservations de dernières minutes. Un comportement qui ne rassure pas les hôteliers. S'ajoute à cela la météo. Les français n'hésitent pas à changer leurs réservations pour profiter au mieux du beau temps. La perspective est donc alarmante pour le secteur comparée au bilan positif de 2011. La fréquentation hôtelière était dynamique. Elle enregistrait alors une progression de près de 4 %. La palme revenait aux touristes français, toujours plus nombreux avec une croissance de plus de 5 %.

Une clientèle étrangère frileuse

Reste la clientèle étrangère. En hausse de près de 3 % à l'été 2011, par rapport à 2010, elle risque de déserter la France cette année. Les hôteliers français vont pâtir de la volonté de cette clientèle de rester davantage dans leur pays. D'autres facteurs viennent assombrir le moral des professionnels. Le décès du prince héritier d'Arabie Saoudite, Nayef ben Abdel Aziz, a entrainé un deuil national. D'habitude friandes de destinations européennes, dont la France, les délégations venues du Moyen-Orient ont décidé de rester chez elles. Les professionnels pâtissent aussi des dates du Ramadan cette année, ce dernier commençant le 20 juillet. Du coup les clients du Moyen-Orient ont décidé d'avancer, voir d'annuler, leur séjour "traditionnel" sur la Côte-d'Azur et à Paris. L'hôtellerie très haut de gamme française accuse le coup.

Enfin, les hôteliers français subissent une forte concurrence dans le segment du tourisme balnéaire familial. De même qu'en 2011, la Turquie et la Croatie annoncent de belles perspectives estivales, au dépend de la France. Les politiques tarifaires agressives des pays du Maghreb portent leurs fruits. Les professionnels sont donc préoccupés par l'état du marché. Ils sont d'ailleurs 44 % à estimer que la crise y est pour quelque chose. Seuls les hôteliers parisiens restent plutôt confiants.