Mobilités : la fracture territoriale confirmée dans un sondage

Par Nabil Bourassi  |   |  534  mots
(Crédits : Didier Gouray)
D'après une étude menée par OpinionWay pour Trainline, une courte majorité de Français se disent satisfaits de l'offre de mobilité, en revanche une immense majorité de ceux résidant en zone rurale se déclare insatisfaite. Cette étude a été menée dans la perspective de la loi d'orientation des mobilités (LOM).

Les "Gilets jaunes" ont-ils provoqué une prise de conscience sur les mobilités en zone rurale ? Alors que la loi d'orientation des mobilités (LOM) doit apporter une partie des réponses, une étude vient de démontrer une énorme fracture territoriale des Français sur le rapport aux mobilités.

Selon cette étude menée par l'institut Opinionway pour Trainline (application spécialisée dans les voyages en train et bus), 55% des Français se disent satisfaits par l'offre locale de transports pour ses trajets quotidiens. Cette majorité est plutôt étroite si l'on regarde le nombre d'insatisfaits: 43%. Mais cette proportion atteint des sommets quand on regarde les habitants en zone rurale (villes de moins de 2.000 habitants) où les mécontents culminent à 63%. Quant aux villes de moins de 20.000 habitants, cette part descend à 55% d'insatisfaits, un niveau somme toute très élevé. A l'inverse, la région Ile-de-France compte 64% d'habitants satisfaits.

La voiture reste incontournable, y compris en Ile-de-France

On retrouve cette même fracture dans les chiffres des propriétaires de voitures individuelles que cette même étude a également relevés. Ainsi, "l'usage prioritaire de la voiture" s'élève entre 74% et 84% chez les habitants de communes de moins de 20.000 habitants, et 2.000 habitants, alors que cette proportion chute à 30% en Ile-de-France.

La dépendance à la voiture est un problème national puisque 73% des Français prétendent que la voiture est le seul moyen de déplacement auquel ils ont accès facilement. Même en Ile-de-France, qui se dit pourtant très majoritairement satisfaite de l'offre de transports, près de la moitié de ses habitants déclare avoir la voiture comme seul moyen de déplacement.

Pour Daniel Beutler, président de Trainline, "le report modal vers une mobilité plus durable comme le train ou le bus" doit passer par "plus de choix et un accès facilité à l'ensemble des offres".

Au-delà de l'accès aux mobilités, l'étude pointe la problématique de la praticité, qui justifie encore en grande majorité l'usage de la voiture. Environ 45% d'entre eux jugent que toute offre hors voiture augmenterait le temps de trajet et que ce serait "trop compliqué".

L'ouverture des données, la solution ?

Chez Trainline, Daniel Beutler estime que l'ouverture des données est une partie de la réponse. Celle-ci peut permettre à des solutions locales et innovantes d'émerger afin de répondre aux besoins de chacun. "La question des données de mobilité est clé. Nous sommes convaincus que la LOM en garantira une ouverture ambitieuse de façon à libérer l'innovation des acteurs numériques", relève Daniel Beutler.

"Un accès amélioré et une réutilisation facilitée des données de mobilités mais aussi la mise en place d'un écosystème favorable et juste permettront aux différents distributeurs numériques de proposer au voyageur de l'information supplémentaire et des solutions plus attractives de déplacement, notamment en renforçant l'attractivité du mode ferroviaire", ajoute-il.

La question de l'ouverture des données est un vrai sujet que la loi d'orientation des mobilités doit aborder - y compris par la contrainte contre des acteurs qui préféreraient garder jalousement leurs données clients.