Quelle est donc cette start up dans laquelle Christine Lagarde déclare avoir investi ?

Par Pierre Kupferman  |   |  536  mots
Stanislas Drouin, fondateur d'Applicatour et Christine Lagarde
Tous les ministres du gouvernement ont rendu public ce jeudi le nom des sociétés dans lesquelles ils ont des participations si elle est supérieure à 5 000 euros ou à 5 % du capital de la structure concernée. Or la ministre de l'Economie se trouve être l'une des rares à avoir placé une partie de son épargne dans une très jeune société opérant sur internet. Son nom ? Applicatour. Portrait.

C'est pour l'heure une toute petite entreprise. Mais on peut parier que sa notoriété sera propulsée au plus haut niveau grâce à la publicité indirecte que vient de lui accorder Christine Lagarde. La ministre de l'Economie a en effet mentionné publiquement sur le site officiel du gouvernement le fait qu'elle a placé une partie de son épargne dans le capital d'Applicatour, une société parisienne créée en 2003. C'est la seule entreprise dont Christine Lagarde déclare posséder des parts.

La ministre, ancienne avocate d'affaires, ne précise pas le montant de cet actif. Rien ne l'y oblige. Elle ne dit pas non plus quand elle a acquis ses parts. L'information figure dans les documents publiés au greffe du Tribunal de commerce de Paris par Applicatour. C'était en 2009. La ministre indique en revanche que cet investissement lui a permis de réduire le montant de l'ISF, impôt auquel elle est donc apparemment soumise. On peut donc en conclure qu'elle n'y a pas consacré plus de quelques dizaines de milliers d'euros. Le dispositif de défiscalisation partielle des investissements dans les PME/PMI réservé aux contribuables payant l'ISF prévoit en effet un plafond de 50.000 euros par an.

Une entreprise qui distribue des dividendes depuis 2010

Si Christine Lagarde reste discrète - c'est son droit - sur la part du capital qu'elle détient dans cette entreprise, on en sait en revanche plus sur la nature de ses activités et le profil de ses dirigeants. Son gérant qui fêtera ses 30 ans en juillet prochain, s'appelle Stanislas Drouin. Ancien élève de l'Ecole supérieure de Commerce de Toulouse et de l'Ecole Supérieure d'Ingénieurs en Electronique et Electrotechnique, ce Toulousain a créé Applicatour alors qu'il n'avait que 23 ans. Pressentant qu'internet allait révolutionner le métier d'agents de voyage, il a eu l'idée de créer des logiciels dédiés à ce secteur. Cette petite entreprise dont les principaux clients sont américains compte parmi ses clients des poids lourds comme la société Sabre, propriétaire du site lastminute.com. "Nous avons été le premier - c'était en 2009 - à proposer à nos clients des comparateurs prix entre l'avion et le train."

Le fils du président de la banque publique Oseo

Une niche apparemment lucrative. "Nous avons dégagé un résultat positif quasiment depuis le début de la société et nous projetons de verser des dividendes à nos actionnaires au titre du résultat de l'exercice 2010" Applicatour qui emploie 8 salariés a dégagé l'an passé un résultat net de 25.000 euros pour un chiffre d'affaires de 456.000 euros. Un an plus tôt sa marge d'exploitation atteignait 17,2%.

Stanislas Drouin n'est évidemment pas mécontent d'avoir Christine Lagarde parmi ses actionnaires. "Je crois savoir que c'est une excellent avocate" observe-t-il avant de préciser qu'il n'a aucun lien de parenté avec elle. Son père, en revanche, la connaît bien. Il préside la banque publique Oseo, qui soutient les PME. Verser des dividendes à la ministre de l'Economie oblige évidemment cet entrepreneur à montrer l'exemple. Il s'engage donc dès aujourd'hui à verser une prime à ses salariés lorsque la loi sera votée.