Les incroyables conditions de travail chez Ryanair une fois de plus dénoncées

Par Aymeric Auberger  |   |  438  mots
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Un syndicat belge porte plainte pour des pratiques illégales au regard du droit belge chez le personnel navigant : 30 euros par mois déduits du salaire pour l'uniforme, mutations sans compensation, interdiction de vivre à plus d'une heure de trajet de l'aéroport...

On ne compte plus les plaintes qui ont visé Ryanair depuis une décennie. Aides publiques illégales, non-respect des législations nationales, "dumping social" : le succès insolent de la compagnie irlandaise soulève des critiques de toutes parts. Ce sont une nouvelle fois les conditions de travail, imposées aux hôtesses et stewards basés à l'aéroport belge de Charleroi, qui sont dénoncées. Un syndicat belge affilié à la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), la principale centrale en Belgique, a annoncé mercredi son intention de porter plainte contre la compagnie low-cost irlandaise. Huit dossiers contre Ryanair et son partenaire Crewlink seront déposés en septembre au tribunal du travail de Charleroi.

Tony Demonté, de la Centrale Nationale des Employés (CNE), dénonce les pratiques illégales de Ryanair au regard du droit belge : coût de l'uniforme déduit du salaire à raison de 30 euros par mois pendant 12 mois, mutations sans compensations, interdiction de vivre à plus d'une heure de trajet de l'aéroport, préavis de licenciements très courts et facturation de frais administratifs en cas de démission.
Derrière ces griefs se cache un imbroglio juridique, déjà soulevé en France par les syndicats de navigants. Les navigants de Ryanair basés dans un pays doivent-ils être soumis au droit de ce pays ou au droit irlandais, plus avantageux pour la compagnie aérienne ?

Pour Ryanair, ses personnels dépendent du droit du travail irlandais, car ses avions sont enregistrés en Irlande. Selon le quotidien belge Le Soir, Ryanair souligne aussi que les contrats de travail mis en cause ne sont pas les siens mais ceux de Crewlink, une société de droit irlandais qui met du personnel de cabine à disposition des compagnies.

La compagnie ressort ainsi les mêmes arguments qui ont servi lors de sa mise en examen pour travail dissimulé et emploi illicite de personnels navigants à l'aéroport de Marseille. Elle employait alors 120 personnes sous statut irlandais, et allait à l'encontre d'un décret français de 2006 stipulant que le personnel navigant établi en France devait payer des charges sociales en France. Ryanair avait alors carrément fermé sa base marseillaise en janvier 2011, et son PDG Michael O'Leary avait déclaré que "les grands perdants dans cette affaire seraient l'aéroport de Marseille, le tourisme ainsi que l'emploi dans la région de La Provence", avant de rouvrir la plupart de ses lignes moins d'un mois après. Le personnel changeant chaque semaine, la compagnie a ainsi esquivé le décret français, contre lequel elle a fait appel devant les juridictions européennes.